Le Rap Adore Breaking Bad ? [ÉCOUTER]

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Comment décrire ce que j’ai ressenti en suivant la série Breaking Bad ? Et bien tout simplement je me suis identifié au personnage principal, Walter White, a.k.a Heisenberg pour ses fournisseurs et clients… Oui, ce n’est pas très avouable ce que je vais dire mais j’ai déjà trempé dans des affaires louches et donc…

J’avais peur pour Walt quand les dangers de son activité de dealer se faisaient plus pressants sur lui et sa famille… Bref au-delà du fait que c’est une excellente série, avec un développement psychologique des personnages que je qualifierais d’inédit, j’ai vécu les 5 saisons comme jamais. Par exemple Prison Break que j’ai adoré tire les bénéfices de son action bien rythmée et de ses multiples rebondissements inattendus. Mais cela s’arrête là. En revanche, Bryan Cranston et son acolytes Aaron Paul, qui jouent respectivement Walter et son « jeune apprenti » Jesse Pinkman dans Breaking Bad, livrent tous deux une prestation époustouflante. Ce que même le meilleur des films ne peut pas offrir. A savoir un accompagnement temporel inoubliable. Oui, cette série t’accompagne, elle est ton amie, mais elle te malmène. Elle te surprend. Et elle t’apprend les dures règles du business

Et voilà ce qui peut bien intéresser les rappeurs et autres pellos du terre-terre. En plus de la BO qui fait la part belle à des monstres du hip-hop comme Flavor Flav, le titre de la série a un nom assez évocateur pour cette culture : l’expression breaking bad fait référence au moment clé de votre existence qui bascule dans la tourmente suite à un événement. On sait que de nombreux rappeurs considèrent leurs vies comme un éternel breaking bad.

C’est donc tout naturellement qu’un rappeur US du Kansas – et protégé de Just Blaze en plus – du nom de XV, a lâché une piste « Breaking Bad » dans une une mixtape à tendance geek avec quelques freestyles en hommage à certains films, séries et jeux vidéos.

Regardes le clip et si tu es chauday en anglais tu peux mater l’explication des lyrics sur cette page de RapGenius.

Ou encore cette chanson spéciale de Freddie Gibbs nommée « Breaking Bad » qui n’apparaît pas sur le tracklist originel de #BFK, sa dernière mixtape toute chaude que j’avais étudié avec intérêt dans cet article.

Mais à mon avis ce qui peut interpeller le plus, c’est que la dope, qui est finalement le moteur de la série, est un sujet profondément exploré par la sphère rap, comme en témoigne cet article : « 5 drogues appréciées des rappeurs ». Ces 5 substances sont, tiens-toi bien : MDMA = Ecsta, Syrup = Promethazine + Codeine ; Oxycontin = Médoc contre la douleur = Opioïde comme la morphine, la méthadone, la codéine ; Xanax = Anxiolytique ; Adderall = Stimulant de l’étudiant = Amphétamine = Médoc pour soigner l’hyperactivité.

Notes que cet article ne mentionne pas la drogue fabriquée dans la série par ce bon vieux Walter, ex-prof de chimie, à savoir la méthamphétamine. Pour que tu comprennes que cette substance n’est pas comme les autres, je t’ai fait un résumé de ce que dit Wikipedia :

 

Drogue synthétique (appartenant au groupe des amphétamines, et dont un dérivé est l’ecstasy) qui provoque une euphorie, une forte stimulation mentale. Les effets durent jusqu’à 24 heures et elle se fait encore sentir dans le corps pendant au moins 3 jours. La plupart des toxicomanes qui consomment cette drogue deviennent dépendants psychologiquement dès les premières consommations. Il n’est cependant pas prouvé qu’une unique consommation peut créer une dépendance. Elle se consomme généralement fumée sous sa forme cristalline dans une pipe, ou ingérée sous forme de pilules. Les usagers-injecteurs liquéfient les cristaux avec de l’eau pour pratiquer l’injection.

La forme hydrochlorée a été synthétisée, brevetée et commercialisée dès 1938 par la société pharmaceutique allemande Temmler sous la marque Pervitine.

Comme les amphétamines, elle a largement été utilisée sur les soldats lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment des allemands, des finlandais, mais également des japonais et des pilotes de bombardiers américains. L’étude des effets secondaires n’ayant pas été poussée encore très loin à cette époque, des doses assez fréquentes étaient ainsi administrées. Le but recherché est de diminuer l’anxiété et d’augmenter puissance et concentration chez les soldats et les pilotes. Cependant dès mi-1941 le médicament n’était plus en vente libre, mais disponible uniquement sur ordonnance. Cela en a réduit l’utilisation de manière significative.

Elle fut un temps commercialisée comme un médicament aux États-Unis, pour divers problèmes médicaux allant de l’obésité à la dépression. Mais depuis 1970, elle est classée comme stupéfiant.

« Drogue de travail », elle a servi aux routiers pour rester éveillés pendant leurs longs trajets. Elle est aussi utilisée pour le dopage. En octobre 2010, une enquête allemande a révélé que la victoire de la RFA lors de la coupe du monde de football de 1954 était imméritée, car l’équipe allemande s’était dopée à la Pervitine.

Ce produit pose des problèmes particuliers dans les pays consommateurs car sa synthèse est relativement aisée et peut être réalisée à partir de produits relativement courants même s’ils sont de plus en plus contrôlés comme des décongestionnants nasaux du genre de l’éphédrine. Il se développe ainsi de nombreux petits labos indépendants produisant de petites quantités. La manipulation de ces produits chimiques reste malgré tout dangereuse, ce qui donna lieu à plusieurs accidents, aux États-Unis notamment (explosions et intoxications).

Effets secondaires : trois, quatre jours sans dormir, parfois – rarement – « psychose amphétaminique », anxiété, agitation ; diminution de la concentration ; importante perte de poids ; inflammation de la peau (« boutons du speed ») ; léthargie ; destruction sévère des dents.

Autres effets à long terme : hallucinations, délires ; paranoïa ; comportements violents ; dépression ; troubles du sommeil et de la circulation sanguine ; dépression du système immunitaire, et troubles pulmonaires et rénaux ; dérèglement du cycle menstruel chez les femmes.

Bref, l’ectasy est déjà un plaisir coupable, mais avec le Crystal Meth sa grande pute de sœur, tu signes un aller simple vers l’Enfer. Cette dope a donc mauvaise réputation et cela m’a surpris que les scénaristes de la série aient choisi celle-ci, car c’est vraiment un acte meurtrier que d’en fabriquer, mais pourtant le héros de la série s’y résout pour mettre sa famille à l’abri du besoin alors qu’il va mourir d’un cancer…

Je pense que ce choix provient du fait que cette drogue est très répandue aux U.S.A mais malheureusement a aucun moment la série ne montre les réels dégâts de cette substance sur l’organisme (sur le long terme), même s’il elle dévoile les principaux dangers à vouloir dealer (guerre des gangs).

Une conséquence pas très glorieuse aussi : le succès en france de Breaking Bad ferait naître une mode à la consommation festive de Crystal Meth, comme le sous-entend cet article. C’aurait été « plus mieux » que Walter eut été prof de jardinage et qu’il vende de la weed… Malgré mon adoration pour ce feuilleton, je déplore le choix de cette substance… quoi qu’aux dires de Walter, sa came est la plus pure du marché… Est-ce que ça en diminue les risques pour la santé ?

Enfin pour en revenir au rap game, je pense que certains ont réellement apprécié l’univers très imagé de la série, comme en témoigne tous les rap parodiques plus ou moins réussis que j’ai pu trouver.

Cette parodie reprend assez habilement le beat du générique du Prince de Bel-Air, c’est bon enfant quoiqu’un peu longuet :

Par contre je dirais que certains ne se sont pas gêné pour surfer sur le phénomène Breaking Bad, qui dégage une certaine « Coolitude ». Et c’est ainsi que la pochette de certaines œuvres reprennent la charte graphique de la série comme cette mixtape sorti l’année dernière, mettant en avant Eminem et Royce Da 5’9 :

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Au passage qu’on aille pas me dire que le rap français ne connait pas cette série ! Voici French Tunes Part. 04 de DJ Iron Sparks :

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inspiré de :

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Et ne serait-ce que dans les réseaux sociaux ça sent la dédicace facile, vu ce twit du 14 octobre signé du rappeur Niro : «  Il pleut grave jsui choké..un temps a senfermer avec une demoiselle devant breaking bad Mais ya pa ltime..direction paris ce soir ».

Par contre une phase d’anthologie fut lâchée par un emcee c-fran, jeune et sec, Georgio du crew ultra technique de l’Animalerie : « J’ai pas l’BAC scientifique, nous on a Breaking Bad ». Énorme.

Enfin, il faut quand même mentionner ce son avant-gardiste de 2010… et oui je retranscris telle quelle la présentation naïve  !

«  Fafone [du groupe HellBoy’z] présente : Breaking Bad. Petit remake hip hop de la série avec Bryan Cranston (le papa dans MALCOM) histoire de vous donner envie de la regarder !!! ».

Heureusement que les lyrics sont un peu meilleurs que ce précédent teaser digne d’un gosse de maternelle :

Conclusion : Comme en témoigne ce débat houleux sur un forum de rap pour désigner la meilleure série entre The Wire et Breaking Bad, cette dernière ne fait pas l’unanimité. Je te vois venir avec ta question, quelle série le peut ? Et ben tout bêtement tu prends une bonne série des familles comme « Le Prince de Bel-Air », que personne n’aurait osé critiquer sous peine de passer pour un gros con…

En fait Breaking Bad a un format qui peut dérouter et pour ça tu ne risquera pas de passer pour l’idiot du village : cela ne peut pas convenir à tous les tempéraments et le sujet de la drogue peut en dégoutter plus d’un (surtout ceux qui n’ont jamais absorbé quoi que se soit d’illégal).

Personnellement, The Wire reste pour moi une très bonne série, mais la lenteur et la sobriété de l’action et de la mise en scène m’en ont éloigné, alors que je la trouve réaliste et novatrice. Breaking Bad reste réaliste en étant quand même plus fluide que The Wire. C’est ce qui fait à mon avis toute la différence. Prends n’importe quel scénario et déployes le comme dans Breaking Bad, avec une pression psychologique simple mais subtile, du danger et du suspense, et tu aura déjà quelques chose de mieux que The Wire au niveau de l’éveil du spectateur.

En tout cas, le hip-hop et Breaking Bad sont des grands potes, à en juger par les graffs ou les sons qui samplent ou s’inspirent de cette série culte (j’ai même classé 4 instrus par ordre de mes préférences) :

# Number 4

# Number 3

# Number 2

# Number 1

Graff_breaking_bad_Allo_Rap
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