Le jeu vidéo et le hip-hop, deux cultures qui ont fait un carton à partir des années 70/80. Dès lors ces deux univers vont évoluer sans cesse. En ce qui concerne les jeux vidéo, l’offre se compose de différentes consoles japonaises (Nintendo, Sega, Sony) ou US (Xbox) avec chacune ses licences de jeu spécifiques attirant de nombreux joueurs. Le hip-hop, lui, est né dans les ghettos de New-York et peu à peu, a conquit lui aussi d’innombrables auditeurs. L’idée d’un mariage entre eux fut un projet risqué et le résultat pas toujours épatant. Mais conceptuellement ces mouvements artistiques pourrait être un couple idéal, même si tout au long de leur histoire, ils ont souvent été perçus de manière négative par les médias. Invitation à la violence, propagande du sexisme… les accusations envers les deux domaines ne manquent pas. Voyons dans cette première partie comment le rap s’est petit à petit imposé sur nos écrans vidéo-ludiques malgré ces différentes controverses…
Des jeunes, des jeux vidéo et du hip-hop
L’arrivée du jeu vidéo a révolutionné l’univers du divertissement. Ce dernier s’est invité dans beaucoup de foyers. Grâce aux différentes technologies, les constructeurs présentent des consoles de plus en plus sophistiquées. Ainsi, naissent jeux d’arcade, action, guerre, combat, simulation, aventure, et pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, musique et danse !
Pendant cette fulgurante évolution du jeu vidéo, le hip-hop se faisait connaître dans le monde entier auprès de la même cible, à savoir la jeunesse, alors rien de plus facile que de les associer. Et nous voilà avec une belle palette de jeux vidéo musicaux dans lesquels on nous demande tantôt d’interpréter du rap, tantôt de danser du hip-hop, et même les deux à la fois pour remporter la partie. Le rap vidéo-ludique est donc bien représenté sans compter tous autres sortes de jeux qui proposent par exemple d’incarner un rappeur dans un combat de rue…
Danser et rapper dans son salon
PaRappa the Rapper connaît un grand succès sur Playstation, et on peut dire que c’est un des premiers jeux vidéo musical à succès. Un univers cartoon très original, avec de jolis graphismes et des couleurs psychédéliques, et un game play carrément axé sur le rythme du rap ! Il y aura même une suite sur PS2, moins intéressantes cependant.
D’autre part les jeux ont utilisée et utilisent encore une bande son hip-hop comme Jet Set Radio sur Xbox, parmi bien d’autres comme les jeux de sport : NBA 2K est un mastodonte de l’industrie vidéo-ludique :
Enfin l’ingéniosité des développeurs a permis ensuite aux joueurs d’incarner des danseurs virtuels très crédibles. Ainsi, on peut citer B-Boy sur PS2 et ensuite le très réussi The Hip Hop Dance Experience compatible Kinect (accessoire de la Xbox 360 permettant de détecter les mouvements du joueur), auquel on peut jusqu’à 4 joueurs. Enfin on pourra rapper dans un micro branché à la PS3, avec Def Jam Rapstar, un jeu de karaoké finalement :
Action et aventure
Mais il n’y a pas que les pas de danse. Le hip-hop est aussi présent dans des jeux d’action, en premier lieu parfois sous forme de clin d’œil : dans True Crimes Streets of L.A, il existe une quête secondaire qui permet, quand elle est réussi, d’incarner le rappeur Snoop Dogg, pour une mission d’une heure où il faudra résoudre le plus de crimes de rue possible. Et la bande son du jeu est très rap !
Mais des jeux d’action se sont carrément vautrés à vouloir utiliser un rappeur comme héros : 50 Cent : Bulletproof obtient la maigre note de 9/20 sur jeuxvideo.com. Heureusement 50 Cent : Blood on the Sand obtiendra 14/20. Wu-Tang : Shaolin Style est quant à lui un Street Fighter pas trop mal perçu par la critique, mais cela n’a pas franchement cassé la baraque, et on attendait mieux car le Wu Tang est certainement le meilleur groupe de rap de tous les temps…
Le jeu vidéo selon Dej Jam
Néanmoins le jeu d’action qui reflète à la perfection l’univers du rap est un jeu de baston aux graphismes superbes : Def Jam : Fight For NY sur PS2. On retrouve une grande partie des rappeurs New-yorkais. Cool ! Def Jam c’est quand même un label hip-hop mythique…
Cette série des jeux Def Jam nous permettait donc de réaliser notre rêve d’incarner son rappeur/sa rappeuse préféré(e) dans un combat de rue. On pouvait même créer un personnage de toute pièce et le relooker en lui achetant des gros baggy, des bijoux remplis de diamants… les jeux datent de 2003 et 2004 donc oui, ils étaient remplis de stéréotypes.
La franchise a super bien marché jusqu’à la sortie du très décevant Def Jam Icon : des combats beaucoup moins riches et stratégiques que par le passé. C’est dommage, surtout que des rappeurs comme T.I. et Young Jeezy y faisaient une apparition.
Les jeux vidéo « gansta »
Certains jeux en monde ouvert propose une ambiance clairement hip-hop (ambiance gansta oblige), avec celui par qui tout a commencé vraiment : le célèbre Grand Theft Auto : San Andreas sur Xbox et même sur ordinateur. C’est un jeu avec vue à la troisième personne permettant d’évoluer librement sur un terrain immense : les ghettos de 3 villes imaginaires américaines faisant fortement penser à L.A, San Francisco et Las Vegas. Le scénario est donc axé sur la guerre des gangs, et on peut effectuer des missions type drive by et plein d’autres trucs peu catholiques ! Bien sur la bande son est rempli d’énormes classiques du rap et pour l’anecdote on retrouve même Eazy-E en personnage secondaire sous les traits de Ryder.
Plusieurs jeux reprirent ce filon comme Saints Row. Pour le 2, en 2008, l’éditeur français THQ signe même un contrat avec le rappeur Booba pour assurer sa promotion. Ainsi, le joueur a la possibilité d’habiller son personnage avec des tee-shirts de la marque Ünkut qui est celle du rappeur français. Dans ce jeu on remarque le même mécanisme de jeu des GTA, avec en plus la possibilité d’acheter du son avec la monnaie virtuelle gagnée dans le jeu. Parmi les titres disponibles, il est possible d’ajouter du Nas. Une fois la musique intégrée à ta bibliothèque, tu peux la diffuser quand bon te semble. Imagines-toi en train de conduire une décapotable volée tout en ayant à la main un UZI qui te sert à ralentir ceux qui te pourchassent…
Pour conclure cette première partie
Cette année, Donald Trump déclarait que les dernières fusillades aux États-Unis étaient liées aux jeux vidéo. L’industrie du monde vidéo-ludique a vivement rétorqué avec un visuel mettant en avant l’énorme diversité que propose le média. Quant au hip-hop, un journaliste de la Fox a déclaré que le rap faisait plus de dégât aux afro-américains que le racisme en parlant du morceau « Alright » de Kendrick Lamar. Un titre qui aborde les brutalités policières envers les noirs américains…
Deux formes d’expressions artistiques encore jeunes comparé au cinéma, à la musique classique… et pourtant, énormément de vertus et d’émerveillement sont à y découvrir.
D’un côté, les jeux vidéo ont l’avantage de proposer des expériences narratives, captivantes et interactives tel un The Last Of Us. Ce n’est pas pour rien que des réalisateurs comme Guillermo Del Toro et des acteurs comme Norman Reedus (vu dans Walking Dead) lui prêtent un grand intérêt.
Le hip-hop quant à lui est un média poétique pouvant instruire, stimuler ses auditeurs. Kendrick Lamar a quand même gagné le prix Pulitzer 2018 grâce à son album DAMN. Un projet abordant la peur de l’échec, l’amour, l’espoir et la politique…
Personnellement j’attends avec impatience le jeu qui nous permettra d’incarner un rappeur dans sa carrière artistique: créer sa musique, la faire connaître, et nager avec les requins de l’industrie musicale !