Biographie
Above the Law, issu de Pomona dans la banlieue Est de Los Angeles, émerge durant l’ère post-N.W.A du gangsta rap californien. Le leader Cold 187um, alias Big Hutch (né Gregory Hutchinson), est rejoint par KMG the Illustrator (né Kevin Dulley), Go Mack (né Arthur Goodman) et DJ Total K-Oss (né Anthony Stewart). Mélangeant des samples de funk et de soul vintage des années 70 avec des instruments live (Hutchinson avait étudié le jazz à l’école), le groupe signe avec Ruthless Records d’Eazy-E et sort son premier album, Livin’ Like Hustlers, en 1990 ; divisé en deux parties, l’une sur le thème de la violence et l’autre sur le thème du sexe, il est coproduit par Dr Dre (avant la séparation de N.W.A) et reçoit un accueil favorable. Le EP Vocally Pimpin’ est paru en 1991, et sa suite, l’album Black Mafia Life, est sortie en 1993.
Go Mack quitte le groupe peu de temps après, et Above the Law s’en tient au format trio pour leur dernier album Ruthless, Uncle Sam’s Curse de 1994, qui comporte de plus grandes contributions de KMG. Après la mort tragique et soudaine d’Eazy-E, Above the Law quitte Ruthless pour Tommy Boy, et débute en 1996 avec Time Will Reveal ; bien que les thèmes restent gangsta, les sons de Big Hutch en tant que producteur de G-funk sont de plus en plus fins. Sorti en 1998, Legends a entretenu la flamme gangsta west coast, mais s’est avéré être leur dernier album sur Tommy Boy. Ils ont créé leur propre label, West World, et ont conclu un accord de distribution avec Street Solid pour Forever: Rich Thugs, Book One en 1999. La même année, Big Hutch sort son premier album solo, Executive Decisions.
En 2000, Big Hutch est recruté par Suge Knight pour devenir le nouveau producteur maison et directeur musical de Death Row Records, ce qui en fait également la nouvelle maison d’Above the Law. Le groupe enregistre un nouvel album intitulé Diary of a Drug Dealer, mais les dates de sortie sont continuellement repoussées alors que Big Hutch travaille sur d’autres productions, notamment pour le premier album de Crooked I. Au milieu de tous ces retards, des rumeurs de séparation du groupe commencent à circuler. L’album arrivera finalement en 2009 sous forme de téléchargement, sur le label Beatology, et sous le titre Sex, Money & Music. En juillet 2012, il fut annoncé que KMG était décédé, sans aucune mention de la cause de son décès.
Discographie
Albums
Livin’ Like Hustlers (1990)
Les albums d’Ice-T, de N.W.A, des Geto Boys et d’Eazy-E ayant popularisé le gangsta rap à la fin des années 80, le terrain était préparé pour le succès d’Above the Law. Les membres de ce groupe de South Central L.A. avaient des liens étroits avec les membres de N.W.A. Above the Law a produit son propre premier album, Livin’ Like Hustlers, avec Dr. Dre, et l’a enregistré pour le label Ruthless d’Eazy (qui passait par Epic ainsi que Priority et Atlantic). Bien qu’il ne soit pas comparable au travail d’Ice-T ou de N.W.A., Hustlers est une description sobre de la vie dans le ghetto de Los Angeles. Violent, graphique et profane, des morceaux comme « Another Execution », « Menace to Society » et « Murder Rap » permettent aux auditeurs de savoir exactement à quoi ressemblait la vie à South Central. L’apport de l’imaginatif Dre en tant que producteur est toujours bénéfique, et il veille à ce que le CD prenne vie musicalement. Les lyrics d’ATL sonneront de plus en plus cliché à mesure que l(on avancera dans les années 1990, mais Hustlers montre qu’à l’aube de la décennie, les Angelenos avaient de la fraîcheur.
Black Mafia Life (1993)
Le deuxième album d’Above the Law avait trois points faibles. Premièrement, plus de deux ans se sont écoulés depuis leurs débuts (à moins que vous ne teniez compte du EP Vocally Pimpin’ de 1991), ce qui a certainement donné l’impression à beaucoup qu’ils n’étaient plus là. Deuxièmement, ils devaient faire suite à un excellent premier album produit par Dr. Dre avec cette fois-ci une auto-production. Et troisièmement, l’album durait près d’une demi-heure de plus que le premier, ce qui appelait au remplissage. Malgré ces handicaps, les membres de Above the Law ont livré avec Black Mafia Life une merveille d’album. Ils sont revenus avec un disque plus décontracté, avec plus d’assurance, mais également un son plus dur. Les histoires racontées par Cold 187um, KM.G, Big Hutch et Go Mack sont toujours bien sinistres et glaçantes, mais c’est surtout un album festif, plein de grooves et de rythmes empruntés à Bootsy Collins, au Fatback Band et à Curtis Mayfield. Le travail de sampling de Cold 187um, presque aussi abouti que celui de Dre sur le premier album, combiné à une instrumentation live, compense largement le fait qu’aucun de ces MCs ne soient des maîtres en écriture. Enlevez quelques moments pas terribles, remplacez-les par un ou deux bons singles (il est vrai que rien ici n’est au niveau de « Untouchable » du premier album), et vous auriez un classique west coast.
Uncle Sam’s Curse (1994)
Le troisième album d’Above the Law, Uncle Sam’s Curse, voit le groupe de Los Angeles incorporer certaines des innovations sonores de Dr. Dre dans leur recette gangsta rap. Le groupe reste un bon groupe et plusieurs morceaux font partie des meilleurs de sa discographie, mais l’album reste convenu, n’arrivant pas à se détacher de ses contemporains.
Time Will Reveal (1996)
En 1996, le débat sur le gangsta rap fait rage. La militante anti-gangsta rap C. Delores Tucker a fait les gros titres en dénonçant l’imagerie violente de cette forme de rap, tandis que les rappeurs gangsta insistaient sur le fait qu’ils disaient simplement ce qu’il en était et qu’ils « restaient vrais ». Ce que Tucker n’a pas compris, c’est que le gangsta à son meilleur (Ice-T, Ice Cube) n’était pas simplement une exploitation business, mais un appel à l’aide et un documentaire audio informant de la vie du ghetto. Malheureusement, le gangsta dans son ensemble a depuis longtemps perdu sa fraîcheur et est devenu extrêmement prévisible. Alors que les paroles d’Above the Law semblaient fraîches sur son premier album, Livin’ Like Hustlers, la formation gangsta de L.A. était plutôt réchaufée sur le plan lyrical lorsqu’elle a rejoint Tommy Boy avec Time Will Reveal. Avant d’écouter le CD, on pouvait deviner qu’il s’agissait de récits de » pimpin’ and hustlin’ » à la première personne – et bien sûr, c’est exactement ce dont il s’agit. Mais aussi prévisibles que soient les thèmes d’ATL, la production épurée de Cold 187um force l’admiration. Le style de production de 187um, très musical et influencé par Dr. Dre, permet de ramener un peu de fraîcheur, même si les paroles évoluent peu.
Legends (1998)
Dès le cinquième album, les fans savaient à quoi s’attendre de la part d’Above the Law. Legends n’est pas un album à rebondissements, mais plutôt un album qui s’en tient à la ligne habituelle du groupe, sans volonté apparente de progression. Alors que peu de groupes gangsta de la côte ouest étaient aussi bons qu’Above the Law, le passage du temps ayant fait son travail, Legends n’était qu’un album de plus du groupe. Comme toujours, la production est son meilleur atout, et les MCs, pas exceptionnels tehniquement, restent des conteurs énergiques et convaincants. S’il était le premier ou le deuxième album d’un groupe récent sorti quelques années plus tôt, il n’aurait pas autant été ignoré – c’est donc un opus qui vaut le détour.
Forever: Rich Thugs, Book One (1999)
En enregistrant pour Street Solid à la fin des années 90, Gregory Hutchinson – qui se faisait appeler Cold 187um ou Big Hutch – a eu deux carrières. Il s’est lançé en solo avec Executive Decisions en 1999, mais il était toujours membre de Above the Law et ce Forever : Rich Thugs est l’un des albums les plus mémorables du groupe. Sur le plan lyrical, cet opus n’innove toujours pas pour ATL, qui continue de rapper à la première personne sur les players, les pimps et autres hustlers, comme neuf ans plus tôt. Mais si Forever : Rich Thugs n’est pas révolutionnaire, il attire l’attention grâce à ses beats contagieux, ses hooks au-dessus de la moyenne et ses grooves mélodiques. Que ce soit Hutch, Big Mil ou DJ Silk qui s’occupe de la prod, le style de production épuré de Dr. Dre influence tout l’album. Sans aucun doute, Forever : Rich Thugs est l’un des meilleurs ATL. Certes, les paroles sont assez prévisibles, mais musicalement, il n’a aucun mal à capter l’attention et à la conserver.