Diagnostik du premier album de DIALEKTIK [RAP BORDELAIS]

Cover

Il y a quelques temps, je m’essayais à l’exercice de la première écoute concernant Chronic et de son opus Le Jour d’après, que les confinements Orwelliens dus à la crise sanitaire n’avaient pas empêché de se placer comme un classique du rap #dissident #boom bap et #smart.

 

Ce nouveau projet intitulé « Bruit blanc & Chambre noire », avec ce génial artwork hypnotico-impressionniste, fera date dans le parcours de l’Anomalie Musique, puisqu’il s’agit de l’officialisation du groupe formé par le fondateur de ce label Chronic et son poto MadThink, avec lequel il a déjà livré pléthore de featuring bien plus que probant. J’ai donc décidé cette fois-ci de distiller mon avis de fanatique absolu au travers d’une chronique posée, et qui se veut un peu différente dans sa forme, avec un aspect « universitaire »…

Un effort à part dans la ligne éditoriale d’AlloRap qui raisonne très bien justement avec DIALEKTIK, ce duo bordelais un peu en dehors des clous, lui aussi, de cette société disloquée entre wokisme et hygiénisme, outils macabres de nos élites visant à l’éradication pure et simple de notre culture et de notre genre, car le seul mâle dominant doit être l’état bien sûr. Bref, le projet d’une société de bons et serviles eunuques.

 

Pas de bol, il existe encore des artistes pour réagir et montrer un peu de virilité dans cette atmosphère actuelle, que je qualifierais comme digne du Kali Yuga. Oui une vision un peu sombre qui fera chouiner les croyants à l’État Providence, mais pour comprendre un peu, il faut décrypter correctement la propagande actuelle Ukrano-Américaine (je compte bien sur le prochain projet de L’Ano’ pour assurer ce job). D’ailleurs même si ce projet a été écrit avant le début du conflit, des titres comme Faux Drapeau entrent parfaitement en résonance…

 

Bref c’est le world fucking merdier, manifester semble inutile, voter aussi on dirait bien, mais pleurer aussi donc il nous faut penser au moins à un truc sympa maintenant comme l’histoire de DIALEKTIK : Chronic a rencontré MadThink à la fac quand il était en première année. Ce dernier voulait faire du rap, écrivait un peu, et Chronic lui a donc proposé de suivre le crew sur scène comme backeur dans un premier temps, et ensuite ils ont carrément partagé le mic et collaboré sur plusieurs projets. Cela n’a pas toujours été simple, mais aujourd’hui on ressent une vraie complicité à l’écoute de ce nouvel opus et on en redemande. Voici piste par piste mon ressenti…

 

 

 

 

1)

La bave aux lèvres, j’enclenche le bouton play sans me méfier… Pour une première piste… Ça pique… aucun préliminaire façon Ice Cube dans No Vaseline. « Pisté » par Google nous sommes, le grand DJ mixant les données de nos vies sans aucun respect de leur fameux slogan « Don’t Be Evil ».

Cette première piste est cruciale, car depuis la sortie du lourd projet « Parchemin » de l’ami Déserteur (scène musicale de Massilia, rien que ça), artiste devenu incontournable faisant presque partie du label tellement il collabore avec, l’attente autour de l’Anomalie Musique devenait insupportable, comme quoi une drogue très addictive peut être légale. Et bien voilà, ouf, on est rassasié direct, en PLS dans le fauteuil façon fœtus, par cette instru qu’on croirait sorti d’un film d’horreur des années 70. Gore… cependant esthétique comme Profondo Rosso. Mais « Tu peux aller te branler sur Onlyfan », si tu as du temps à perdre au lieu de poursuivre l’écoute de cette œuvre.

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originalité Originalité : 18/20
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  Global : 19/20

2)

Si notre monde est acquis au démon, il fallait dès la piste #2 rappeler que Dieu est plus fort. On peut l’appeler l’infini, Allah, mais peu importe les synonymes, c’est un concept important, en déplaise à ceux qui sont prisonniers de la matière.

 

La paternité est aussi une chose divine. Chronic évoque la sienne en nous parlant des étoiles. Beauté, étrangeté de notre condition, voilà toutes les émotions complexes qu’arrive à transmettre ce petit bijou. Sur une prod d’eLR apaisante, ce titre par rapport au précédent est au feu volcanique, ce qu’est l’antarctique. C’est jazzy, lancinant. Et ce putain d’espoir brille encore !

 

beat Beat : 18/20
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originalité Originalité : 19/20
beat Feeling : 20/20
  Global : 19,5/20

3)

DIALEKTIK arrive a dessiner les contours de la fracture sociale de notre défunte nation, alimentée par notre servitude volontaire, entre autres.

 

Et sur cette track, il y a effectivement Kiba qui fait un carnage et nous étonne par sa maitrise des rimes multisyllabiques et sans langue de bois. Le fond et la forme quoi !

 

Au final, il se Kiba La Débrouille tellement bien qu’il devient instantanément un rappeur à suivre par Allo Rap.

 

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  Global : 17/20

4)

Mention spéciale à l’instru qui à elle seule vaut le voyage au bout de cet enfer délicieux : les scratches nous avalent comme un aspirateur géant, en apnée dans le siphon d’une baignoire de la taille de l’océan atlantique. Quant à Chronic, il a sensiblement progressé : plus fluide, aérien même. MadThink, au diapason, lui permet donc je pense de gravir une dernière marche, comme feu Mobb Deep jadis. Prodigy comme Chronic peut s’écouter en solo, mais en la présence respective de Havoc ou de MadThink, ces artistes sont transcendés. LEVEL UP.

 

C’est vrai que cette débauche d’énergie était nécessaire « face à de nombreux dilemmes ». Oui, la France d’aujourd’hui, c’est un casse-tête aux mille connards. Tout le monde en prend pour son matricule avec nuance et finesse bien sûr.

 

Attaque également aux crétins vissés à leurs canapés, une cannette à la main devant BFM, qui confondent patriotisme et nazisme. La différence est pourtant aussi vaste que celle qu’il y a entre un homme et une femme, ah merde excusez moi de nos jours c’est la même chose. Les pendules qui sont remises à l’heure et au milieu du village avec ce missile… Et enfin MadThink de rajouter : « Complotistes ? Fascistes ? OK d’accord ».

 

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5)

C’est le moment « académique » de l’album si je puis dire, il manquerait plus que Luc Ferry en featuring. Le genre de titre à faire écouter au maire de ma commune ! Même petite, je vous assure, il y a de la souffrance dans celle-ci, et c’est pas qu’un sentiment. Mais bordel qui est là pour encore représenter les citoyens sans brandir une carotte électorale ?

 

Le fait que seul le rap puisse assurer ce rôle républicain de messager de la vérité populaire peut faire finalement froid dans le dos, car normalement cela devrait être le rôle des médias. Charte de Munich, tout ça tout ça. Oué, nous en sommes là.

 

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originalité Originalité : 17/20
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  Global : 18/20

6)

Un refrain incarné par MadThink en mode 2Pac, un premier couplet de Chronic en mode desperado. Il n’en faut pas plus pour représenter toute la tristesse du combat contre le mal, perdu d’avance, mais qu’il nous est impossible de fuir. Tant ma plume a glissé sans la forcer pour rédiger ce billet, je n’ai pas encore eu le temps de m’attaquer à l’évolution artistique de MadThink, qui suscite chez moi le respect vu son âge précoce.

 

En tout cas, il affirme clairement son identité, ses capacités, et je pense que c’est un rappeur qui va constamment progresser à l’image de Déserteur ou de Chronic. J’attends donc les sorties de ce genre d’artiste comme un morfondu de philosophie et de sciences physiques, des conférences d’Etienne Klein ou d’Aberkane. C’est aussi instructif…

 

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lyrics Lyrics : 15/20
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7)

L’Ano’ fait son bonhomme de chemin et accueille en featuring Kroc Blanc, l’anti Kery James et l’anti Orelsan, tout ça réuni dans la même armure. Mais le loup nous prend par surprise en venant soutenir DIALEKTIK sans développer ses thèmes de prédilection comme on aurait pu le croire. Par exemple, on l’aurait bien imaginé sur un morceau comme « La cible ». Non, le thème de cette track est un des sujets les plus marquants de ces dernières années, à savoir la plus grande manipulation de masse de l’histoire… consécutive à une maladie de laboratoire dois-je le rappeler. C’est vrai que c’est un thème très développé sur ses Lives YouTube. Ceci explique cela.

 

Enfin voilà remplacer notre libre arbitre par un pass, voilà le tour de passe-passe. Ce titre est la réponse salvatrice à tout le scientisme qui a explosé à la face du peuple sur tous les plateaux télé, mais le complot était certainement fomenté depuis bien longtemps et l’on comprendra tous les aspects de la chose dans au moins quelques décennies. Mais il fallait répondre aussi par une conspiration : se connecter avec Kroc Blanc est digne des attentats préparés dans le maquis par mon grand-père.

 

Une autre belle surprise : la qualité technique de Kroc Blanc sur ce morceau. J’ai envie de dire que le boom bap lui va comme un gant de boxe et qu’il ne serait pas déconnant qu’il continue dans ce style.

 

En tout cas sur la seule foi de ce coup de semonce acoustique, je souhaiterais que sur la tombe de l’humanité il y ait un QR Code en référence à cette modernité dévouée au profit, et la pochette de cet album pour faire honneur à la résistance contre la dictature.

 

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message Message : 19/20
originalité Originalité : 20/20
beat Feeling : 16/20
  Global : 19/20

8)

L’Anomalie Musique a toujours étonné par ses productions sans nous décevoir. On a l’impression que DIALEKTIK peut donc balancer des centaines de titres de qualité sans forcer à l’image de celui-là qui semble tellement naturel et évident.

À ce niveau là, c’est de l’OxyContin.

 

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lyrics Lyrics : 16/20
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originalité Originalité : 17/20
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  Global : 18/20

9)

Tiens, un beat à la Infamous Mobb pour le premier solo de l’album, avec un Chronic plus introspectif que jamais. « Peut-être que tout est faux ? » questionne-t-il dans un refrain bien catchy. Et tout à coup, je me mets aussi à douter de ma destinée comme un catcheur d’1m60. Sur quoi nous raccrocher ? Aux branches ? Ah merde, c’est vrai les arbres partent en fumé ils ont dit aux infos.

 

Aujourd’hui il n’y a plus d’espoir à attendre de la politique et même peut-être de nos propres amis, contaminés par le système, « qui galopent après l’oseille comme des salopes ». Chronic parle à l’auditeur avec humilité à tel point que je crois me reconnaître dans cette complainte, lancinante comme une canalisation d’évacuation des eaux usées… sur la plage.

 

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  Global : 19/20

10)

« Que le rap français repose en paix ». La diss track de l’album, le voilà. Mais il faut voir au-delà. D’habitude ce genre d’égotrip est un peu facile comme un « moi je suis beau toi t’es moche » du vieux Sinik, ambiance CM2. En fait ici non mon gars, la cible des quolibets est la gangrène culturelle alimentée par les dérives du rap, qui n’a plus rien de contestataire, et devenant en tout point contestable d’ailleurs, jusqu’à la forme.

 

Donc l’exercice ici n’est pas vraiment anodin ou gratuit, car l’ADN de DIALEKTIK est d’être justement aux antipodes de toutes ces merdes toxiques, avec comme socle sonore un boom-bap sérieusement travaillé et surtout en faisant du rap strict comme à la grande époque. Cependant, le duo creuse plus profond pour l’élaboration de leurs thèmes que les pionniers, ce qui nécessite forcément un plus grand travail de veille documentaire et une culture solide bien sûr. Respect.

 

Corrosifs à faire pâlir un agent du CSA, le contraste est donc colossal avec tous ces groupes qui bafouillent des onomatopées au travers d’un vocodeur saturé, à la gloire de leurs binks quand ce n’est pas de Satan lui-même. Il fallait remettre l’église au milieu du village et faire un bon sermon, de la manière la plus cash comme jamais auparavant dans la discographie de l’Ano’. Encore une preuve que DIALEKTIK et son premier projet marquent l’entrée dans une nouvelle ère, celle d’une guerre sans merci contre la crétinisation et la corruption, dont est victime en première ligne la jeunesse, de plus en plus violente et instagrammée. Mon dieu je me demande quel genre d’équivalent de nos boomers on aura en 2050.

 

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  Global : 18,5/20

11)

Bevitch signe seulement la deuxième prod de ce projet, mais quelle dinguerie !

Jamais une IA ne pourra concocter un tel morceau. Pour le coup Chronic et MadThink incarnent la punition divine envers les Laurent Alexandre et autres illuminés pour qui les esclaves que la société a elle-même fabriqués n’y ont plus leur place ensuite, car moins rentable que les machines, tout simplement. Et pour les autres une puce dans le fion et des scanners un peu partout sur le territoire…

 

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flow Flow : 20/20
lyrics Lyrics : 20/20
message Message : 17/20
originalité Originalité : 20/20
beat Feeling : 18/20
  Global : 19/20

12)

Deuxième solo de l’album : cette fois c’est MadThink qui s’en charge avec maestria. Le point fort de cette track est le sujet abordé, qui devrait vous faire cogiter quelque temps. Il est la raison d’être du rap dissident selon moi : combattre le formatage de l’esprit, même si on sait d’après Nietzsche qu’il en reste toujours un en fin de compte.

 

En tout cas cet artiste est tout aussi inspirant que le philosophe susmentionné grâce à un delivery détaché sans être trop nonchalant, mais bel et bien désabusé.

 

beat Beat : 17/20
flow Flow : 18/20
lyrics Lyrics : 18/20
message Message : 20/20
originalité Originalité : 16/20
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  Global : 18/20

13)

Chronic à la prod montre qu’il commence à manier le séquenceur comme J. M. Jarre l’Atari ST, et Déserteur fait plus que venir apporter du soutien. Premièrement, ce dernier balance un refrain phénoménal de technicité et de clarté. Et deuxio, il clôt le morceau par un couplet stratosphérique.

 

Honnêtement tous les mc’s sur le riddim sont tellement puissants qu’on en oublierait presque qu’ils évoquent des sujets pas vraiment joyeux « se lever pour bosser avec d’autres aliénés ». Mais effectivement, l’ambiance est très énergique de par la prod digne d’un OST de Fellini, et un certain recul dans les paroles et le constat livrés apportent de l’oxygène dans le gouffre.

 

Même MadThink, pas le plus vieux, donne l’impression de s’exprimer comme Vito Corleone. La maturité se cristallise, mais n’est pas près de se briser je l’espère, car ici tout est parfait et l’on espère qu’à chaque opus de DIALEKTIK il y aura l’instant Tonton de Marseille qui vient pour l’apéro avec un coffre rempli de cadeaux !

 

beat Beat : 16/20
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lyrics Lyrics : 19/20
message Message : 18/20
originalité Originalité : 20/20
beat Feeling : 18/20
  Global : 18,5/20

14)

Les cibles ici, sont bien sûr la doxa, le manichéisme médiatique actuel assuré par la novlangue des hommes de paille, avec en arrière-plan la terrible disparition des pays européens et de leurs traditions, au profit de grandes régions sans âme dirigée par Bruxelles, qui on le voit actuellement est bien incapable de juguler l’inflation et démontre toute son inutilité.

 

Et malheureusement, ce processus enverra pas mal de monde « six pieds sous terre », surtout ceux qui ne sont pas « du bon côté du manche », comme « Soros » et « Attali »…

 

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flow Flow : 17/20
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message Message : 19/20
originalité Originalité : 18/20
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  Global : 18/20

15)

« Les années auront raison de nous, pauvres mortels ». Je suis parfaitement d’accord. J’ai sérieusement étudié la question et l’effondrement de notre race n’a rien d’incertain, mais plutôt le destin supposé pour les civilisations ayant existé dans les 4 coins de l’univers. Ce sont les lois de la thermodynamique qui le disent et pas seulement la Bible !

 

Dans cette chanson, il est question surtout de la récupération politique autour de l’écologie et le fait que les crises sont payées par le peuple pour réamorcer la pompe de la finance quand elle s’essouffle…

 

Et aussi de la marchandisation de nos corps et âmes. Bref, des sujets qui foutent bien le cafard, mais dont on est curieux vu que personne n’en parle, conformément au conformisme. Propagandes et pollutions, en tout cas, c’est le collapse ou la mort qu’ils peuvent engendrer, avec mille et un paramètres dans un monde devenu trop complexe.

 

beat Beat : 18/20
flow Flow : 20/20
lyrics Lyrics : 20/20
message Message : 19/20
originalité Originalité : 19/20
beat Feeling : 17/20
  Global : 19/20

16)

« Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir ». Je crois que cela résume bien l’attitude du français moyen, moi y compris, le regard vissé sur ses orteils. Car la réalité est assez horrible, en fin de compte et pas toujours prenable en baston de regard.

 

Sur ce titre, le duo partage un peu avec nous son sentiment d’impuissance, plus franc à mon avis que Dupont-Moretti et son sentiment d’insécurité par exemple.

 

beat Beat : 19/20
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lyrics Lyrics : 17/20
message Message : 20/20
originalité Originalité : 19/20
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  Global : 18,5/20

NOTE MOYENNE DE L’ALBUM : 18,5/20

CONCLUSION

Cette œuvre est dans le registre de l’Ano’ avec quelques pincées notables et salutaires d’optimisme, comme des dattes dans un plat épicé. « Vivre l’époque à genoux, mais garder la tête haute » dans le morceau de clôture, illustre bien que, malgré le très grand réalisme de DIALEKTIK sur notre époque et ses aspects les plus abjects, ils n’en demeurent pas moins des humains, avec le regard fixé en direction du soleil, partageant son rayonnement via MP3 ou WAV.

En tout cas, projet majeur, historique et légendaire pour un fan de rap qui souhaite qu’il y ait plus d’érudits au sein de ce mouvement musical pourtant en fort déclin par rapport à ses origines. On veut des mc’s capables de produire des bons textes comme sur cette œuvre…

Celle-ci vient parfaitement et salutairement sceller un épisode sociétal de soumission au covidisme qui rend le livre 1984 tout mignon tout plein en comparaison et qui n’augure rien de bon pour l’avenir. Voilà un peu le genre de souvenirs tristes que l’on pourrait associer à l’époque de sortie de cet album, mais l’Anomalie Musique porte son nom comme jamais, car elle réussi à faire remonter un peu le bathyscaphe de notre moral à la surface avec ce petit cadeau, un bijou d’album que l’on peut gratuitement écouter sur Bandcamp ou acheter, un acte palliatif de notre absence des bancs de la messe au moment de la quête.

Naissance d’un vrai bon duo complémentaire, appuyé par des producteurs de génie, et ce n’est pas la piste 16 signée Chronic qui me fera mentir. Une alchimie qui réchauffe le cœur, et d’un discours sincère, et dans le fonds amical pour les gens éveillés comme moi qui ne savent pas comment agir à leur niveau contre les fléaux (innovation aliénante, manipulation de masse, mondialisme, profit pour le profit, collapse environnemental inévitable, wokisme, paupérisation, et j’en passe).

Et ce qui est encore peut-être plus encore important : dans un monde en déconstruction autant culturel que spirituel, ces artistes nous tendent une perche pour ne pas qu’on se noie grâce à cette formule faite de lyrics fouillés, mais accessibles, de thèmes remettant au goût du jour les valeurs humaines que toute société devrait montrer, et une analyse de l’actualité sans compromis avec la bien-pensance, celle-là même qui empêche de dénoncer la perte croissante de ces valeurs.

Rien de magique même si cela y ressemble, tout cela est le fruit d’un travail long et obstiné depuis 6 ans de tous les membres de l’Ano’ avec comme guide touristique Chronic pour naviguer dans les eaux trop basses en France du rap non abrutissant. Il ne faut jamais oublier que ce sont des artistes amateurs, mais ils sont plus pros que certains zouaves dans le Top 10 Spotify. Je ne m’étais donc pas vraiment trompé dans ma vision, il y a 3 ou 4 ans, quand j’avais découvert cet artiste, quand j’avais balancé que c’était le dernier rappeur en France à être authentique, certainement un idéal d’éthique venu de mon enfance biberonnée à un rap qu’aujourd’hui avec le recul on qualifie de naïf. Mais finalement c’est possible de trouver de l’éthique dans le rap.

En fait aujourd’hui le rap de L’Ano’ est tout sauf naïf, c’est un vrai crew, qui évolue de manière satisfaisante, laisse de l’espoir : les rappeurs avec 3 mots de vocabulaire devront changer de t-shirt, et ceux qui rêvent de rendre illégale l’hétérosexualité et les frontières de l’hexagone sont cordialement conviés à passer leurs vacances avec eux au sommet d’un petit volcan genre… la Soufrière. Mais à mon tour, je vais mettre ma naïveté de côté : l’art de bonne qualité sera toujours élitiste…

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