Interview de Rockin’ Squat [2000]

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Le mag Radikal avait choisi en 2000 de faire le point sur plus de quinze années de carrière avec Rockin’ Squat, l’homme, et non le groupe Assassin. Quinze années de rencontres, de moments forts, de séparations et d’amertume. Indétrônable pour certains et critiqué par d’autres, le mystère s’était levé enfin sur le B-Boy qui gravitait à l’époque au centre des polémiques…

Tout d’abord merci et big up à AttackSurLa7k qui a fourni l’archive de l’interview.

RADIKAL : Pour commencer, peux-lu nous parler de tes premières connexions avec le Hip-hop, de Bando, des CTK etc. ?

Rockin’ Squat : Mes premières connections avec le Hip-hop. c’était au début des années 80. J’étais encore un marmot, et mon frère Vincy Vince et moi avons d’abord été séduits par la danse. On a tout de suite vu que cela faisait partie d’une culture qui s’appelait le Hip-hop et que toutes les disciplines telles que le tag, le graf, le rap, le DJing ou le break étaient liées. Toutes ces disciplines m’ont influencé. On a abordé cette culture sous son aspect américain, car c’est aux États-Unis que nous avons découvert le Hip-hop. On a breaké, smurfé, puis vers 84 on a commencé à taguer. Nous avons très vite rencontré Bando. Il était déjà bien avancé, étant donné qu’il avait de la famille aux États-Unis. Il a été d’un grand enseignement et a amené le vrai délire du graffiti, dans le style comme dans l’attitude. Il était connecté avec des pionniers comme Assassin et d’autres mecs avec qui on traînait à l’époque. En 91, on l’a appelé pour qu’il travaille avec nous car on avait besoin d’un manager. On rappait à l’arraché, on n’était pas dans un trip structuré, on ne savait pas que rappeur c’était un métier, et on avait besoin de solidité et de sérieux. Le mec le plus carré qu’on connaissait, c’était Madj. Après notre premier rendez-vous, il nous a dit qu’il ne pouvait pas être notre manager, mais il a néanmoins trouvé sa place. Il a été séduit par ce qu’on véhiculait et le feeling humain est bien passé. Des textes tels que « Esclave De Votre Société » ou « Je Glisse » lui correspondaient déjà, et l’aspect militant de Madj est depuis le début en phase avec Assassin et moi. Il fait partie intégrante du groupe. Je le big up car c’est un des rares à ne pas retourner sa veste, qui est là et qui combat. Dans Assassin, il y a une part importante de Maître Madj. Beaucoup de gens ont été balayés à travers notre histoire par mon aura et ma façon de voir le Hip-hop, pourtant il y avait de la place pour tout le monde. Sans Madj, Assassin n’aurait pas été ce que nous sommes aujourd’hui.

R. : Le départ de Solo ?

RS : Solo a été le premier B-Boy à Paris, la première star. Il était présent partout, on parlait de lui… Il illuminait chaque endroit, chaque party où il se rendait. Malheureusement, il s’est fait niqué à cause de ses relations avec ses ex-pincos qui lui ont bouffé le cerveau. Pourtant, un mec comme Solo, à l’instar de Madj, est une très grande part d’Assassin, même s’il n’est plus avec nous au moment où nous faisons cette interview. C’est un peu dommage, car ce mec a énormément de potentiel… et il galère encore. Il a perdu sa confiance à cause de soi-disant amis aujourd’hui millionnaires grâce au rap, qui l’ont laissé couler et qui s’en battent les couilles de lui désormais. Ils se sont servis de Solo comme marchepied, sans lui ils ne seraient pas dans le rap. C’est attristant. Je big up Solo et j’espère qu’il reviendra enfin, même si c’est dur.

R. : Vous étiez à un moment proches des NTM. Comment les avez-vous rencontrés, et pourquoi ne travaillez-vous plus ensemble ?

RS : La connexion a eu lieu par rapport à Solo. Solo et moi avons toujours été connectés directement avec le Hip-hop aux États-Unis. Pour ma part, ce fut par obligation, car notre vie familiale a entraîné un lot de plaies qui ont fait que j’ai dû être connecté aux États-Unis. On était réceptifs au vrai Hip-hop. Solo l’était aussi, c’est pour cela que nous étions en phase. Parmi les gens autour de lui, il a drainé Joey dans notre rayonnement et tous les autres suivaient Solo. On leur a fait enregistrer leurs premières maquettes, on a eu de très bons moments ensemble. C’est parti en couille. Après, dans la vie, lorsqu’on prend du recul sur la nature de l’homme et sa complexité, il y a des choses pardonnables et compréhensibles. Même si c’est vieux, ça reste encore assez frais chez certains, mais ce n’est rien par rapport à ce qu’est une vie. Pour ma part, l’expérience Assassin-NTM est très bonne, c’est une vraie leçon de la vie. J’ai appris ce que sont des amis, qu’il y a des gens sur qui on peut compter et d’autres non.

R. : Pourquoi cette séparation a-t-elle eu lieu ?

RS : Réellement, je ne le sais même pas. Personne n’a fait de mal à personne, personne n’a tué personne, donc il faut prendre du recul par rapport à ça et ne pas rester figé dessus. Dans le titre « Paris Théorie », je dis : « Je ne gerbe pas sur mes ennemis, leur chute je la bénis car ma théorie va plus loin que souhaiter la mort des miens. » Ça ne sert à rien que je les enfonce dans la merde, ils y arrivent très bien tout seuls.

R. : L’avant Assassin Productions ?

RS : Solo et moi, on a fait le tour de toutes les maisons de disques en 87. Il n’y avait pas de rap, les gens nous prenaient pour des extra-terrestres et hallucinaient sur notre musique. En 88, on a bossé à Londres avec le label Gee Street, on a fait quelques morceaux qui ne sont pas sortis. Également refusé, un contrat d’édition chez Virgin en 90 parce que c’était une grosse carotte. Ils nous proposaient 15.000 francs chacun sur 5 ans d’édition contre 50% de nos droits d’auteur. On n’était peut-être pas très conscients dans le business, mais on savait qu’on ne pouvait pas nous prendre 50%. On a ensuite enchaîné sur « Rappatitude », et le titre « La Formule Secrète » devait être le titre exploité en single. On a refusé. On aurait pu être le single exploité à la place de « Peuples Du Monde » de Tonton David, on aurait pu finir chez Label Noir, mais on s’en battait les couilles. De plus, on vivait encore à New York à cette époque, on kiffait, et en France c’était toujours mort. Ensuite, on a rempli la Cigale en 91 sans avoir sorti de disque. Les mecs de Polydor ont halluciné et nous ont signés sur leur label Remark Records.

R. : Peux-lu nous parler des affaires auxquelles tu fais référence à travers le titre « État Policier » ?

RS : Ce titre est présent sur l’album « Touche D’Espoir ». Je parle d’Abdelkader Bouziane, de Jawad Zaouiya et de Malika Moulai. Ce sont des cas de bavures policières, de crimes dans les prisons ou de meurtres sécuritaires. Il y a des gens qui ont des flingues, il faut qu’ils soient responsables de leurs actes. Il faut que la justice tranche. Le gros problème, c’est que la justice ne tranche pas pour ce genre de cas. Les keufs prennent des peines dérisoires. La police, censée représenter la sécurité des citoyens, est au-dessus des lois et on n’a plus d’alternative, la justice étant de leur côté. Donc, qui nous protège d’eux ? Le vrai problème est là. Les affaires ne cessent de s’accumuler, au même titre que la peine des familles qui n’est pas atténuée, car la justice n’est pas rendue. Si c’était le cas, on évoluerait dans un pays de droit. Comment répondre à des mecs au-dessus des lois ?

R. : « L’Homicide Volontaire » a été le premier album où tu t’es retrouvé seul au micro…

RS : Mais je ne l’ai pas fait tout seul, il y avait aussi Doctor L et Madj à mes côtés. Je ne prenais pas ça comme une contrainte. Je ne suis pas dans ce délire de se prendre le crâne sur la quantité de lyrics à fournir. Tout simplement parce que je prends ça comme un vrai plaisir, un kif à part entière. Ça n’a pas été dur de faire « L’Homicide Volontaire ». Ça a surtout été un travail de survie sur le plan musical. Personnellement, je me reconnais plus à travers les sons du « Futur Que Nous Réserve-t-il ? » que ceux de « L’Homicide Volontaire ». Et a fortiori, j’apprécie d’autant plus les beats de « Touche D’Espoir’ car musicalement, c’est l’album qui me correspond le plus, c’est du Assassin 2000 !

R. : Sur cet album, on a également découvert Ekoué du groupe La Rumeur. Comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble, puis à ne plus travailler ensemble ?

RS : Il venait nous voir en backstage lors de nos concerts. Il me rappait mes textes, c’était un fan d’Assassin. Il se présentait comme le cousin de Marco Prince du groupe F.F.F. en pensant que cela allait m’intéresser parce que je connaissais Marco. Il avait du potentiel, il rappait bien, ses textes étaient solides. Je l’ai invité sur l’album, il a rappé sur « L’Odyssée Suit Son Cours » et « Quand J’étais Petit’. Comme beaucoup de gens qu’on a aidés, il n’a pas supporté la pression d’Assassin et de ce que ça implique. C’est un guerrier qui aurait pu rester à nos côtés et qui est parti en couille comme beaucoup d’autres. C’est malheureux. Quand tu te revendiques de la rue ou des quartiers, tu ne peux pas casser un groupe comme Assassin. C’est une réalité, et on vit dans la réalité. On représente te côté positif du Hip-hop, qui est le vrai côté du Hip-hop. C’est le côté historique, le côté culturel, le respect. Je sais ce qu’est la misère, j’ai vu ses yeux, je l’ai parfois côtoyée et j’y ai aussi grandi à des périodes de ma vie. Je sais donc pourquoi le Hip-hop doit exister par rapport à cette situation. Je reste donc sérieux dans mes affaires quand je représente le Hip-hop, comme Dead Preaz ou P.E. en leur temps, les Last Poets, comme des mecs qui sont dans le graf depuis plus d’une dizaine d’années. Le Hip-hop est une culture de partage. Si tu reprends les détracteurs d’Assassin dans ce pays, ce sont tous des gens qu’on a aidés à un moment donné. Si on ne les a pas aidés directement, ils connaissent des gens qu’on a aidés. Ils n’ont pas réussi à supporter la pression ou la vérité qu’on amène. Je ne dis pas que je suis le meilleur des hommes, c’est pour cela que nous avons nos défauts comme nos qualités. On est comme tout le monde. On n’est pas des putes, on ne fait pas de coup de pute, on n’évolue pas dans le vice. On ne bouge que si notre vie est en danger. Quand il s’agit de protéger sa vie ou les siens, tout le monde, même la plus grosse des baltringues, peut te mettre une balle dans la tête. On a des gens qu’on a aidés et qui sont restés respectueux, et on les big up. Des gens comme Namor, Kabal, on les respecte. Des mecs comme Solo ont encore de l’amour pour nous et c’est réciproque. Pour nous, l’important c’est d’avancer de façon pure et vraie, les détracteurs on ne les calcule même pas.

R. : Sur le titre « Sérieux Dans Nos Affaires », tu dis : « J’calcule ni le chômage ni les élus ni le R.M.I ».

RS : Bien sûr, des gens calculent le chômage ou le RMI car c’est une nécessité. La réalité de la vie, c’est la minute à laquelle je te parle. Quand chaque minute que tu vis est une minute que tu apprécies, tu vis. Beaucoup ne vivent plus car ils sont dans des aspects matériels de la vie ou des modèles de réussite préformatés qu’on leur a imposés depuis l’enfance. D’autres vivent dans le passé, dans les regrets ou dans la rancœur. D’autres se projettent sans cesse dans le futur et angoissent. Après, tu ne vis plus. Or c’est aujourd’hui qu’il faut vivre.

R. : Tes détracteurs disent que tu es un fils de bonne famille…

RS : Ça ne veut rien dire. Répondre à des questions comme ça, c’est délivrer une partie de sa vie privée. Pour l’instant, ma vie privée n’intéresse que mes proches, ma famille et les gens que j’aime. On vit dans un monde où les gens ont besoin de savoir d’où l’on vient pour pouvoir se projeter dans leur vie. Et le fait que – pour certaines personnes qui le savent et pour d’autres qui vont le découvrir lors de cette interview – mon père soit artiste crée l’amalgame entre « artiste » et « bonne famille ». Il y a des gens qui n’ont pas de relations avec leur père. Il y a des gens qui ont des pères mais aussi des mères. C’est la même chose que les propos du style : « Noir = voleur » ou bien « Arabe = terroriste ». Dans mon évolution, j’ai eu des problèmes avec ma famille comme beaucoup peuvent en avoir. Je dis one luv à ma famille aujourd’hui. Que tous les gens de ma famille réussissent. Après, je sais que mon vécu c’est mon vécu, et tout ce que je dis est vrai. Je n’ai pas envie de raconter ma vie dans une interview, si je dois le faire ça sera dans mes textes. Si je raconte ma vie, tu verras qu’elle est triste. Pour l’instant, je me focalise sur Assassin afin d’amener des bases solides et des thématiques intéressantes au Hip-hop. Quand je développerai d’autres choses à côté d’Assassin – et c’est ce qui va se passer -, je développerai le côté Uitramagnétik MC de Squat. Je vais faire fermer plus d’une bouche. Tous ceux qui sont aujourd’hui des stars du Hip-hop et qui ont traîné avec le fils de bonne famille dont ils parlent le savent. Je n’ai rien à prouver aux yeux des autres, car je sais qui je suis et où j’en suis.

R. : Sur le EP « Écrire Contre L’Oubli », on a pu entendre pour la première fois des beats de Dawan…

RS : Dawan est quelqu’un qui est depuis longtemps à nos côtés. Il a un très bon fond, du talent, et c’est un vrai keum. Il a également vécu tous tes départs et les coups durs. Il est là depuis ta fin des années 80. C’est pour cela que je te dis que ça ne sert à rien de prouver les choses, le vécu parle. Tout se sait. Un jour ou l’autre la vérité sort de l’ombre. Dawan fait partie intégrante d’Assassin. Il a énormément compté dans la carrière d’Assassin, en donnant des idées sans forcément être crédité, mais il était là dans l’ombre.

R. : Air One alias Said Taghmaoui rappe sur cet EP…

RS : Il n’est pas arrivé dans Assassin, mais il traîne avec nous depuis longtemps. C’est un freaky motherfucker ! C’est quelqu’un de bon dans le fond. Il est un peu comme moi. Il faut qu’on gère notre énergie, on est despee, on a envie de comprendre beaucoup de choses et on a peu d’éléments pour les comprendre. Quand on se focalises sur des choses, ou on devient lucide, ou on devient fou. Quelquefois, il y en a qui deviennent fous. Je sais que ce genre de fous redeviennent un jour lucides.

R. : On l’a également entendu aux côtés de Pyroman sur le titre « L’Académie Mytik »…

RS : Pyroman est arrivé chez nous, on a écouté ses maquettes, on a kiffé. On a sorti le maxi « Brazza », puis « Le Jour Pi » ainsi que « L’Etau Remix ». II a un bon potentiel, il va aller loin. S’il continue à focaliser sur son travail, il y arrivera tôt ou tard. Il est jeune, très professionnel, en plus son fond est bon et son œil est clair. Il sera avec nous sur la tournée. Il représente Assassin à fond. J’espère qu’il saura digérer la pression qu’un groupe comme Assassin implique.

R. : La série de maxis « L’Avant-Garde » a inauguré l’entrée en matière du collectif de producteurs La Bande Des 4. Le premier volet a permis de découvrir La Caution…

RS : La Caution, ils sont là ! C’est l’avant-garde du Hip-hop en France. Ils sont à la pointe de ce qui se fait. Ils me font penser à ce qu’étaient les membres d’Assassin dans les années 80 : des précurseurs. Ils ont une longueur d’avance au niveau de leurs flows, de leurs thématiques et de leurs productions, c’est un truc de ouf ! Ce sont des MC’s bioniques, ils valent 6 milliards de dollars ! Ils seront avec nous sur la tournée. A l’image des gens avec qui ils marchent, aussi bien le groupe TTC que le staff de leur label, Kerozen, c’est une nouvelle race de MC’s et d’énergies pour le Hip-hop. Cette équipe est très prometteuse et risque de faire très mal !

R. : Où en sont les divers protagonistes cités au cours de notre entretien ?

RS : Doctor L continue à faire son truc, et il le fait bien. Il a toujours été dans le même trip. Il a enregistré des titres avec le batteur de Fela. Il a également fait des sons pour Stomy Bugsy. Solo, si tu lis cette interview, ne lâche pas l’affaire, le combat continue. Il ne faut pas se laisser abattre par de fausses relations. Solo s’est fait bloquer sa vie par des mecs qui pèsent aujourd’hui des millions de francs lourds. Il a quitté Assassin à cause d’eux, et je trouve ça incroyable. Les portes lui sont grandes ouvertes. Il peut retravailler avec nous dès que l’envie lui prend, il le sait et il l’a déjà fait à travers « L’Avant-Garde ». Je ne sais pas trop ce que Clyde fait aujourd’hui. Je sais qu’il fait des cassettes de reggae, ses sélections tuent, il a toujours une pure oreille. On ne s’est pas connus très longtemps, je ne saisis pas entièrement le personnage. On m’a dit qu’il est devenu rasta. Si c’est vrai, one love à Clyde. Si c’est son choix, la prochaine fois que je le croiserai, il n’y aura aucun problème. J’ai passé quelque temps en Jamaïque, j’ai rencontré des mecs comme Sizzla. Yami Bolo, et j’ai réellement compris ce qu’était le rastafarisme : one love, one blood and one destiny. NTM, ils parlent mal de moi à chacune de leurs interviews. Je n’ai pas spécialement envie de m’étaler car le vécu parle de lui-même. Je te répéterai juste que le public fait son choix. Assassin et NTM ont commencé ensemble, aujourd’hui c’est très différent dans la tête du public comme dans la mienne. C’est dommage, car Joey était à un moment vraiment proche de moi et je pensais que c’était un vrai ami… l’histoire a prouvé le contraire. Il y a un proverbe chinois qui dit que si tu as plus de 5 amis à la fin de ta vie c’est énorme, et c’est vrai. Je dis également dans un lyrics : « Protège-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge. »

R. : Dans « Esclave 2000 », tu remets également en cause des associations telles que France Libertés de Mme Mitterrand. L’Unesco ou l’Unicef…

RS : J’explique à travers « Esclave 2000 » que ces associations ne reconnaissent pas l’esclavage moderne. Elles ne bougent pas sur un problème aussi grave. Tout simplement parce que si tu commences à affirmer que l’esclavage reste une réalité dans un pays comme la France, tu remets 200 ans d’histoire en cause. Il en est de même pour 50 pays membres des Nations unies avec qui la France deale. Il y a des enfants, des femmes et des hommes qui vivent cet enfer. Tu te rends compte que des hommes ont le droit de vie ou de mort sur autrui ? Si un mec le veut, il peut te torturer et jouer avec ta vie, car la vie se monnaie dans ces réseaux. Les ambassades ne bougent pas leur cul non plus. Le travail de la journaliste Dominique Torres a mis le doigt sur plusieurs cas d’esclavage moderne, et c’est alarmant. Une association comme Anti Slavery se bat contre ça, et ces mecs te sortent des statistiques de ouf. Il y aurait plus d’esclaves aujourd’hui qu’à l’époque du commerce triangulaire ! L’esclavage moderne est un des plus grands tabous des sociétés actuelles. Les réseaux de pédophilie y contribuent également. Tu crois que les petites filles qui se font ken par des fils de pute l’ont choisi ?! C’est l’enfer sur terre pour ces enfants. Ce thème, on n’en a jamais parlé dans le Hip-hop et c’est important de mettre la lumière sur ces injustices.

R. : Le titre « Au Fond De Mon Cœur » est une véritable introspection. Il est rare de t’entendre parler de toi aussi profondément au sein d’Assassin. Ce titre préfigure-t-il une carrière solo ?

RS : La carrière solo de Rockin’ Squat a commencé depuis le premier jour où j’ai pris le stylo. Mon identité a toujours été présente et combinée à celle d’autres personnes pour donner naissance à l’entité Assassin. J’ai toujours évolué dans ce sens, afin de pouvoir avancer et partager, car j’ai appris de chaque personne avec qui j’ai collaboré, même de ceux qui sont aujourd’hui mes détracteurs. On apprend toujours de l’autre, de même que la relation que tu peux avoir avec ta meuf peut rapporter de la maturité et plein de bonnes choses sur le plan humain. Il est donc possible qu’il y ait une carrière solo de Rockin’ Squat, comme tout peut s’arrêter. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, si ça se trouve il n’y aura pas un album de Rockin’ Squat, mais plusieurs albums de mes alias, car je suis Ultramagnétik, souviens-t’en. En attendant, l’album « Touche D’Espoir » est dans les bacs. Il mérite de décoller car ce côté du Hip-hop n’est pas assez mis en avant. Cet album apporte de l’espoir et de la positivité, et c’est ce qui manque en ce moment.

R. : Quels sont les projets que tu vas mener au sein d’Assassin ?

RS : Le clip de « Touche D’Espoir » sera visible cet été sur les écrans. Il est réalisé par Yan Kounen. Un maxi sortira à la rentrée avec des inédits, et le quatrième chapitre de « L’Undaground S’Exprime ». Le « Tour D’Espoir » se mettra également en place avec une soixantaine de dates à travers la France. Assassin Productions compte sortir un troisième volume de « L’Avant-Garde » ainsi qu’un second maxi de La Caution et un nouveau maxi de Pyroman. Tous ces projets aboutiront à la rentrée. Sinon, j’ai fait un featuring sur l’album de Radja. sur le S maxi de DJ Duke, et je suis toujours présent sur Time Bomb et Les Militants.

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