Je suis Mister Rodger et je suis accompagné exceptionnellement par Karlton qui va m’aider à poursuivre ce podcast dans la bonne humeur. On va parler dans un premier temps de Spotify, ensuite du piratage, de MySpace, et pour finir quelques chiffres du son sur le Web. Est-ce que ça va Karlton ?
Karlton : Oui.
Mister Rodger : Karlton est en forme, moi aussi, alors on va pouvoir démarrer. Spotify, est-ce un concurrent pour iTunes ? La première chose est de rappeler à mon avis ce qu’est Spotify. Est-ce Que tu connais Spotify ?
Karlton : Non.
Mister Rodger : Alors Spotify n’est pas encore connue beaucoup du grand public effectivement mais c’est vraiment quelque chose qui est en train de devenir un concurrent pour iTunes. Alors qu’est-ce que Spotify ? Tout simplement il permet à la base d’écouter de la musique avec un logiciel, on peut écouter toutes les chansons qu’on veut gratuitement, toutes les chansons du catalogue Spotify, mais de temps en temps il y a des publicités entre les chansons. Voilà la spécificité de Spotify. Donc bien sûr par le passé de nombreux pirates ont essayé de sortir des plugins et autres choses… Mais nous, on va pas trop rentrer dans ses détails là, on va parler de l’utilisation normale de Spotify. Apparemment il serait la deuxième source de revenus pour les maisons de disques. Par contre iTunes reste quand même le leader incontesté de la vente de musique électronique. Il faut savoir que les ventes de disques s’effondrent. Ça c’est une chose que tout le monde sait. 13 % de baisse en un an ! Par contre le numérique a le vent en poupe… Est-ce que tu as déjà consommé des CD ?
Karlton : Oui.
Mister Rodger : Est-ce qu’au jour d’aujourd’hui tu continues d’en acheter ?
Karlton : Non, du tout.
Mister Rodger : Et est-ce que tu as déjà acheté sur iTunes ou tu privilégies on va dire des sources peu recommandables pour avoir du son ? Ou utilises-tu Youtube, Dailymotion etc. ?
Karlton : Oui, j’utilise YouTube et Dailymotion.
Mister Rodger : Eh bien on n’en reparlera tout à l’heure par ce que c’est vrai que cela représente une source intéressante de musique. Donc on le disait Apple et son iTunes est le leader avec 3,2 milliards de dollars réservés aux labels l’an passé. Le problème de Spotify, c’est qu’il a encore bien du mal à rapporter de l’argent aux labels indépendant si on compare avec iTunes. Pourquoi je veux vous parler de Spotify ? Parce que c’est un service qui a un an aux États-Unis. Coup de trompette, il est sorti avant en Europe, en Suède plus précisément, en 2008. Donc ça fait seulement un an aux USA qu’il est présent, et c’est sur que les chiffres sont assez positifs. Spotify en termes de chiffres et d’audience, c’est 13 milliards.Vous allez me dire 13 milliards c’est énormes ! Est-ce que tu trouves que 13 milliards de chansons écoutées depuis un an c’est gros pour toi ?
Karlton : Ben avec le nombre d’artistes qu’il y a, non.
Mister Rodger : Tu as raison, effectivement, car Spotify reste un petit joueur à côté de YouTube qui compte 192 milliards d’écoutes sur la même période. C’est sûr que les revenus sont plus intéressants sur une plate-forme qui est dédiée à la musique mais on est encore loin de ce fameux YouTube. Tout à l’heure tu me disais que tu écoutais de la musique sur YouTube, Dailymotion et donc ça reste un moyens important. Tout à l’heure je reviendrai sur le streaming qui représente l’avenir de l’écoute de la musique. L’achat de musique est amené malheureusement à ne pas être la panacée à laquelle on aurait pu croire. Par ce que les gens aiment le gratuit. Et le streaming c’est gratuit. Et ça n’empêche pas de rapporter de l’argent. Pourquoi ? Il y a des publicités, des contenus associés, il y a des opérations. Spotify en est la meilleure illustration : Spotify est gratuit avec des publicités, et si on veut éliminer ces publicités, on s’abonne au service Premium. Ce que rapporte à un label l’écoute d’une musique grâce à Spotify, c’est 40 centimes. Donc ça fait 52 millions d’euros aux labels américains en un an. C’est un joli pactole.
Et la dernière nouvelle intéressante, c’est que Spotify prépare une version Web. Ce qui est quand même assez incroyable. Au départ Spotify c’était un logiciel, qu’on installe sur son ordinateur ; il y a une version pour les téléphones, malheureusement non gratuite par ce que l’on imagine que le développement sur cette plate-forme est plus cher que le développement du logiciel lui-même. C’est payant donc sauf pour ceux qui sont abonnés au service Premium… Passons en revue ce que peut apporter cette version Web. L’internaute était habitué à voir son petit logiciel Spotify installé, C’est une méthode rapide car on n’avait pas à charger une page Web. Le gros intérêt c’est la baisse des tarifs : de huit à 10 $ par mois environ pour une formule complète, on va passer de trois à cinq dollars par mois. Donc cette version web à l’air d’apporter un vrai plus. Le web c’est quelque chose qui marche aussi grâce à HTML5, qui vient sauver le web, puisque qu’il marchait très peu à cause de Flash, qui est une technologie refusée par l’iPhone et par pas mal de gens comme ça, parce que Flash c’est quelque chose de lourd, c’est quelque chose qui plante. Par exemple quand j’écoute de la musique sur Uzic.ch, de notre ami suisse Michael, qui anime le podcast NipTech : j’écoute souvent sa web radio dans mon navigateur Chrome qui est pourtant très bien à jour, et je suis sous Windows… et régulièrement le plugin plante. Et je ne vais certainement pas m’en prendre méchamment à la radio en elle-même. Je vais imputer ce problème-là à Flash. Qui est une technologie en perte de vitesse non pas en termes d’implantation sur le marché mais en termes d’apport à l’utilisateur. Quand on voit ce que cet HTML5 est capable de faire : maintenant il y a des jeux qui tournent dans les navigateurs.
La fameuse version pour téléphone que j’évoquais tout à l’heure est gratuite aux États-Unis. Alors comment cela s’explique ça ? La gestion des droits aux États-Unis et moins alambiqués. C’est sûr que dans ce cadre américain plus large, plus sympa, l’application est gratuite là-bas. C’est vrai donc que la mondialisation, ce n’est que pour certains produits puisque chaque pays fait ce qu’il veut à sa sauce. Il y encore beaucoup de choses à faire pour unifier l’offre, quand on voit que l’on n’a même pas le droit d’accéder à certains services comme Pandora, la radio magique qui devine ce que vous aimez et vous la propose à l’écoute, et bien c’est chiant…
On va parler maintenant d’un sujet qui est au cœur de la polémique depuis de nombreuses années, C’est le piratage. On va pas revenir sur son histoire ni sur ses méthodes. On va commencer juste par le Top 20 des gens qui sont piratés. La première place est occupée par Drake. En position numéro 4 il y a Kanye West (numéro 1 des téléchargements au Canada). Et à ton avis en France, qui est le groupe de rap le plus téléchargé, et même qui est le groupe le plus téléchargé illégalement ? Casquette à l’envers…
Karlton : Ah ouais ben ouais c’est eux que j’allais dire…
Mister Rodger : Effectivement, il s’agit bien de Sexion d’Assaut devant des Johnny Hallyday ou des Renault. C’est pour ça que j’ai confiance dans le rap, et de faire un podcast dans le rap, je sais que vous auditeurs, vous allez être nombreux à aimer cette émission. Pour la simple et bonne raison que l’on s’aperçoit que le rap est partout. Quand on regarde un classement quelconque, il y a toujours 2 – 3 rappeurs à l’intérieur ; ils sont dans tous les classements, c’est pas possible d’y réchapper. Forcement les rappeurs seront un acteur important sur le web en termes de vente, de synergie qui va se développer tout autour d’eux. On compte avec le rap, on compte avec les rappeurs. Ils sont comme une force. Et je crois qu’ Internet vient au secours d’un rap qui malheureusement partait en couille. On dit » oui le rap Old School, c’était mieux avant etc… ». Mais maintenant grâce à Internet vous pouvez écouter ce qui vous plaît. Vous n’êtes plus obligé de subir comme un mouton. Si un groupe vous plaît vous aller sur sa page Facebook ou MySpace et vous n’êtes plus tributaire des émissions qu’il y avait dans le temps comme RapLine. Alors bien sûr il passait des bonnes choses, mais cela ne permettait pas d’élargir votre horizon. Au jour d’aujourd’hui, le hip-hop c’est très bien développé, avec beaucoup de choses différentes.
Au sujet du piratage, on va aller vers un sujet simple qui vient d’arriver. On sait que Google filtre les recherches depuis quelques années. Quand vous tapez dans votre moteur de recherche Pirate Bay, ils ne vous proposent plus ce nom en auto complétion. Ça va être un gros manque à gagner, car Pirate Bay compte beaucoup sur le moteur de recherche Google. Quand vous tapez MegaVideo Rapidshare, ils ne sont plus proposés dans le service Auto-Complete également. C’est un service Google qui vous propose la fin du mot que vous tapez. Certains vont être lassé de devoir taper Pirate Bay en entier. Mais ils ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Honnêtement je n’utilise plus tout ce qui est Torrent. C’est un moyen facile pour se faire choper par la police. Comment marchent cette technologie : Vuze, Emule… En fait les morceaux de fichiers sont téléchargés d’ordinateur en ordinateur, si bien que vous ne savez pas qui est l’autre ordinateur en face, qui est peut être bien l’ordinateur d’une société engagée par les ayants droits, pour traquer les pirates, les emmener au tribunal et payer des amendes à tire-larigot. J’ai arrêté le Torrent pour cette raison là.
Un moyen qui est un tout petit peu plus sûr une mais qui ne l’est pas à 100 %, c’est les fichiers, comme sur Bayfile, 1fichier.com, sur Turbobit.com. Ce sont des serveurs de fichiers, qui permettent de rapatrier directement les fichiers sur son ordinateur. Mais vous pouvez toujours avoir votre connexion qui est scannée par un tiers, un pirate, bref n’importe qui. Si vous n’êtes pas sur une connexion sécurisée HTTPS, personne ne vous dit que vous n’êtes pas observé dans ce que vous faites, surtout si vous êtes dans un hôtel et que vous êtes connectés via le Wi-fi. Je ne veux pas rendre paranos les gens mais en tout cas si Google se met en plus à vouloir empêcher que l’on utilise le Torrent alors qu’on sait déjà que c’est quelque chose d’assez dangereux, c’est notable. Je pense que Google fait ainsi car il possède son propre service de vente de biens numériques, qui s’appelle Google Play. C’est une plate-forme, variée, diverses, et Google dans ce cadre là, a mené de nombreux partenariats. Ils se doivent, en tant que moteur de recherche numéro 1 du marché, de freiner la recherche de fichiers piratés. Moi j’ai pas d’avis spécialement tranché sur la question sur le vieux débat « faut-il pirater – ne faut-il pas pirater ». Ce sont des débats stériles, qui ne mènent à rien, de toute façon chacun fait comme il veut, comme il l’entend. Il y a aucune loi qui empêchera un jour d’acheter d’un côté ou de faire arrêter les gens de télécharger par piratage. Donc je trouve ça un petit peu hypocrite de dire qu’il faut faire de telle ou telle manière, même si vous interdisez de rouler à plus de 130 km/h sur une autoroute, il y en a toujours qui rouleront à 180. Et si vous bridez les gens vous bridez tout le monde : si vous dites bon, maintenant les voitures ne rouleront pas plus vite que 130, vous bridez ceux qui voudront conduire leur automobile un peu plus vite sur les autoroutes en Allemagne… Au final la balance s’équilibre entre ceux qui dépensent de l’argent dans quelque chose qui leur plaît, et les gens qui n’ont pas d’argent qui doivent avoir accès à la culture. À mon avis on arrivera pas à inverser une tendance qui est bien réelle. Mais au fait il y a des gens qui achètent et qui piratent à côté, c’est pas tout blanc tout noir, Donc à partir du moment où il a cette ambiguïté, cette ambivalence, il est strictement débile de combattre quelque chose et de vouloir anéantir quelque chose d’aussi répandu que le piratage, ce qui coûterait plus cher que les dégâts que le piratage cause lui-même. Il faut donc laisser faire le piratage tout en le contrôlant, qu’il serve à la culture, découvrir de nouvelles choses, ou tester avant d’acheter.
Une alternative intelligente pour lutter contre le piratage est d’offrir du contenu HD comme Vevo le fait. Vevo, c’est 3 milliards de vues au deuxième trimestre 2012, 1,3 milliards de vues en provenance des appareils mobiles. Donc on voit que les appareils mobiles tendent à la consommation de contenus, l’HD va sûrement se frayer un chemin sur téléphone… Le consommateur de demain, qui sera prêt à mettre la main au portefeuille, et donc forcément pour avoir accès à ces contenus de haute qualité, il y aura des forfaits et un meilleur contrôle, un meilleur bridage de l’internaute. Moi je dis ça dans le sens où par exemple un internaute mobile peut être bridé en cas de dépassement d’un certain quota de données downloadées, c’est une chose que n’accepterait pas un internaute classique, qui s’estime dans son bon droit de télécharger à fond à la vitesse maximale depuis chez lui. Dans sa tête ça serait une régression. Alors que sur téléphone on peut faire tout passer, faire avaler toutes sortes de pilules, donc sur téléphone on va pouvoir proposer un forfait complémentaire pour de la vidéo. Mais il faudra que tu mettes 7 euros de plus. Un peu comme fait Orange avec les rajouts sur son forfait ou Free etc. Avec des contenus supplémentaires par exemple la chaîne Sport qui avant coûtait six euros par mois sur Orange (Orange sport a cessé d’émettre le 30 juin 2012) maintenant il propose la chaîne beIN Sport, filiale du groupe qatarienne Al Jazeera, qui coûte quand même 12 euros par mois. Finalement ce sont les services associés qui ramènent l’argent, on voit que Vevo, avec ses solutions HD, arrive à tirer son épingle du jeux.
Il y a des choses qui sont complètement incroyables quand on parle de piratage, on peut même pirater le cerveau des gens, c’est-à-dire leur apporter un contenu virtuel, comme faire revenir un mort. Au festival Coachella 2012, il y a un hologramme de Tupac Shakur, qui a été créé pour la somme de 400 000 $, on parle de Jim Morrison, d’Amy Winehouse, de Freddy Mercury, qui pourrait revenir grâce à cette technologie. Vous voyez donc que le piratage se fait dans les deux sens, nous on pirate des œuvres sur Internet, mais en échange on se fait donc souvent pirater le cerveau, on nous propose des choses qui nous leurre. Mais cette techno a aussi des problèmes : la société qu’il a créé est très endettée : 124 millions de dollars. Il faudrait donc appeler la version holographique de Steve jobs pour trouver une forme de rémunération. J’appelle ça un piratage de cerveau, en lui apportant quelque chose qui n’est pas vrai, qui n’est pas réel, c’est un contenu illusionnel, dans lequel des gens ont investi de l’argent.
On n’a pas fini avec le piratage. J’ai envie de parler d’une autre forme de piratage, une forme que j’ai appelé le piratage social. Vous vous demandez qu’est-ce que c’est que cela ? C’est une pure invention de ma part, je ne sais même pas si le concept est viable, en tout cas cela a germé dans mon esprit quand j’ai entendu dire que le responsable de MegaUpload, Kim Dotcom, arrêté par le FBI avec trois autres de ses potes, qui clamait haut et fort que son arrestation était plutôt dû au nouveau site qu’il préparait : MegaBox. Ce nouveau site était censé révolutionner l’industrie musicale, et pour cause : ce service, 100 % gratuit, 100 % musical, 100 % illimité, avec un business modèle qui soi-disant rémunérait à 90 % les artistes en bénéficiant d’un modèle publicitaire inédit [un plugin remplacerait les pub présentes sur les sites que visite un internaute!], ainsi que des services Premium. C’est vrai que l’on se pose donc de drôles de questions. À la suite de l’arrestation, des entreprises similaires se sont rangées, pendant que d’autres continuent en toute impunité. C’est peut-être une histoire de loi, le sujet est à creuser… Mais des entreprises comme Fileserve ou Filesonic mettent seulement à disposition les fichiers que vous avez vous-même uploadés sur ces plate-formes là. Et je me demande pourquoi elles se sont rangées et d’autres non. Comme Bayfile (par les créateurs de Pirate Bay), Turbobit.net (Russe), 1fichier.com (apparemment francophone). Il y a beaucoup de sites comme ça qui permettent de télécharger des séries comme Game of Thrones (super série), ou télécharger des albums de rap, ou même de télécharger des fichiers normaux, des distributions Linux, dédicace à LTP a.k.a Lord Ton Père. Revenons à un peu de sérieux, ce service, MegaBox, qui allait bientôt sortir, était plus légal que MegaUpload. Donc s’attaquer à MegaUpload, C’est une manière de mettre sous silence Kim Dotcom et son futur service, qui révolutionnerait le monde de la musique, une manœuvre inattaquable sur le plan légal…
On va revenir sur les chiffres du téléchargement illégal : 97 millions de morceaux depuis les USA, ensuite le Royaume-Uni, 43 et quelques millions, l’Italie 33 et quelques millions. Et la France c’est seulement 8,4 millions de titres téléchargés illégalement, se situant seulement en neuvième position. D’ailleurs c’est Sexion d’Assaut qui est le plus téléchargé en France, et c’est le rappeur Drake qui squatte le haut du classement aux États-Unis. La BBC a mis au point un logiciel permettant de géolocaliser l’artiste le plus piraté dans sa localité. Je ne comprends pas trop cette phrase mais ça me fait peur…
On va passer un autre sujet tout aussi intéressant : MySpace. MySpace qui s’est fait bouffer la gueule par Facebook, il n’y a pas d’autres mots, car au départ MySpace c’était 75 millions d’utilisateurs, aujourd’hui il en a perdu la moitié. Facebook est plus simple, plus interconnectés … Par contre Justin Timberlake vient à la rescousse de MySpace Pour essayer de le faire un peu revivre. Du coup MySpace a complètement changé son interface. Il y a maintenant des galeries images façon Pinterest ou type Tumblr, une barre musicale à la Grooveshark, Des cercles à la Google+, et la navigation se fait principalement par scrolling horizontal. Donc beaucoup de HTML5, de CSS3, de fluidité, plus d’ergonomie, plus de tout. Ça fait même le café. Le point fort de cette nouvelle version MySpace, c’est l’intégration de Facebook et Twitter. Est-ce que tu penses que MySpace peut revenir sur le devant de la scène ?
Karlton : Non.
Mister Rodger : Moi aussi c’est la même chose. Parce que c’est pas la peine d’habiller une catin avec des habits de soie, ça reste une catin. Je sais pas pourquoi je dis ça c’est très méchant. Mais en vérité je me rappelle des premières fois ou j’allais sur MySpace, et c’était un sacré bordel. Tout le monde spammait les uns les autres avec des commentaires les plus débiles les uns que les autres, Finalement on était dans un big centre publicitaire d’artistes qui s’auto-promotionnaient. L’idée c’était d’élargir le nombre de ses fans [et de ses contacts].
Je ne dis pas que ça n’a pas aidé certains artistes, comme cet artiste français interviewé dans l’émission samedi soir « On est pas couché ». Cette artiste est un rappeur français qui a subi une polémique récemment pour une de ses chansons qui s’appellent « Sale pute ». Cette artiste c’est Orelsan. Toute cette interview écrite est située sur Allorap.com. Je vous invite à aller voir, le titre de l’article c’est : « Orelsan interviewé par des vieux cons ». Vous allez voir à quel point la vieille France, représenté par ces journalistes cravateux, qui ne cessent de critiquer.
Revenons à MySpace. Les gens vont-ils être motivé pour revenir sur MySpace alors que l’on a toute une flopée de sites, ne serait-ce que Facebook et Twitter, sans compter Spotify que l’on a évoqué au début d’émission, Pandora que l’on a pas le droit de consulter mais il y a des méthodes pour contourner… Rdio que je ne connais pas personnellement, BanqueCamp non plus, Deezer, qui est français, Cocorico, et un autre que l’on va présenté tout de suite après : Soundcloud. Il y a de la concurrence dans le milieu de la musique… Mais en même temps c’est un gros bordel, il faudrait que quelqu’un vienne taper du poing sur la table pour faire vraiment un service concret. On va parler tout à l’heure d’un service qui va être sorti par MTV qui risque de faire le poids. Je ne sais pas pour l’instant mais c’est un paris pour l’avenir et j’y mettrai pas une bille personnellement.
Il faut bien se rendre compte quand même que la plus grosse bibliothèque en son, avec 42 millions de morceaux, c’est quand même MySpace. C’est pas de la crotte de chat. Il y un pouvoir derrière, surtout aux États-Unis. Alors c’est vrai que le mec qui a acheté MySpace en 2005 a fait la plus grosse boulette de son existence. Il a perdu des millions, je comprends donc son envie de sauver MySpace quand tu vois les pertes qu’il y a eu. Il y a 200 employés actuellement alors qu’il y en avait 1600 en 2009. Par contre au niveau des visites, ce n’est pas du caca de chat : 25 millions de visites mensuelles au États-Unis. C’est un score honorable, plus important que Google+, Tumblr ou Pinterest. Donc il n’est pas si mort que ça MySpace. Enfin bon, il y a un truc quand même qui est très mauvais : on sait qu’il y a 394 minutes passées par mois sur Facebook par chaque personne en moyenne, alors qu’une personne passe 12 minutes par mois sur MySpace en moyenne. Voilà.
C’est l’occasion maintenant de parler d’un nouveau service qui va être lancé par MTV, qui a bien compris que le streaming augmente de 40 %. Alors avant d’aller plus loin Karlton, est-ce que tu sais ce qu’est le streaming ?
Karlton : Ce sont les sites gratuits sur Internet.
Mister Rodger : Tout de suite on voit que c’est intéressant, parce que Karlton a tout de suite employé le mot gratuit. Pour les gens le streaming, c’est gratuit. Et ben c’est pas toujours le cas : il y a des contenus streaming qui sont payants, d’autres qui sont rémunérés par la publicité comme YouTube. Alors YouTube, ils nous cassent les bonbons avec leurs publicités, mais il faut plutôt être content qu’il y est est des publicités. Par ce que ces publicités là sont le synonyme que le contenu est gratuit. YouTube ne pourrait pas continuer indéfiniment. YouTube est un des sites le plus énormissime en termes de volumétrie, en termes de poids, en termes de minutes de vidéo. Chaque minute, ce sont des millions de méga-octets qui arrivent, et on imagine que ça pourrait pas aller bien haut et bien loin s’il n’y avait pas un modèle économique derrière. Tout comme la télévision, et ben le streaming voilà ce que c’est. Revenons à MTV qui lance un nouveau service, et je pense qu’ils ont eu des idées dans la tête quand ils ont vu que Deezer va s’installer en Asie. Le petit français Deezer s’attaque au marché asiatique. On voit tout de suite que la musique n’est pas un secteur fermé, des nouveaux acteurs arriveront dans l’avenir dont MTV, et ce qui est intéressant vraiment, c’est qu’on pourra acheter de la musique directement sur le site, les fans pourront acheter aussi directement des pulls à l’effigie de leur artiste. Y’a vraiment un modèle économique derrière, c’est pas seulement bourrer les gens de goodies gratuits, c’est simplement les inciter à acheter derrière. Donc il ne faut pas se méprendre, l’avenir est au contenu incitatif. On sera sans arrêt incité dans l’avenir. Il y aura du contenu gratuit d’accord, mais on sera incité à dépenser pour nos artistes. Pourquoi ? Parce que les artistes ont du mal à vendre leur CD, leur musique sur iTunes, leur support physique ou électronique : ils ont du mal. Il n’y a que les concerts qui marchent très bien. Donc il faut que les fans viennent à la rescousse des artistes qu’ils aiment pour leur permettre de vivre. C’est le modèle économique du futur.
Maintenant que l’on a parlé de ce projet de MTV, on va parler d’un projet qui est bien implanté depuis quatre ans, c’est Soundcloud. C’est 15 millions d’utilisateurs, et d’ailleurs le podcast que nous sommes en train de faire va sûrement être mis sur cette plate-forme qui propose gratuitement de l’hébergement jusqu’à un certain seuil. Donc je vais utiliser ce seuil et après je verrais ce que je ferais. Soundcloud, qui est fait par des Allemands, n’est ni plus ni moins que le pionnier du partage de fichiers audio : c’est bien beau de proposer du streaming, mais là ce sont les internautes qui proposent leur streaming à eux. Ils peuvent le commenter à n’importe quelle minute du streaming. On peut annoter à n’importe quel moment une rime, un peu à la manière de RapGenius. Tiens c’est une chose qui me vient à l’esprit on pourrait très bien se servir de Soundcloud pour commenter des paroles de chansons de rap ou de n’importe quelle chanson, parce qu’il permet d’annoter à chaque minute, à chaque seconde la chanson. Donc c’est une fonctionnalité très intéressante, il y a de l’interaction, du partage social… On peut faire découvrir sa musique aux autres et en découvrir d’autres, bref, c’est vraiment très puissant. Une nouvelle version du site vient de voir le jour, elle s’appelle Next.soundcloud.com, et elle est en HTML5 bien sûr. Ce qui est bien, c’est que maintenant vous pouvez écouter les morceaux en les enchaînant, un peu à la manière d’une radio, d’un Spotify ou autre.
Là je vais revenir donc au Top 50 de l’argent généré en concert. Il met en exergue des saloperies comme Lady Gaga mais entre tous ces connards là, en position 7 nous avons Drake, et en position 16 nous avons Kanye West et Jay-Z. C’est fort sympathique de s’apercevoir que dans les 50 plus grosses rémunérations de concert on a des rappeurs. Pour la petite dédicace, en position 42 on a un Boys Band, les New Kids On The Block et les Backstreet Boys qui font un truc ensemble. Donc les Boys Band ne sont pas morts. Malheureusement j’ai envie de dire.
Ensuite, parlons d’un petit sondage, justement on dit que les petits labels ont du mal en ce moment, Donc d’après le Webzine le Skeud, 35 % des personnes interrogés pensent les labels indépendants produisent de la bonne musique, contre 5 % pour les Majors de l’industrie musicale. Plus de 50 % pensent que les artistes sont mal payés par les labels mais 70 % des sondés estiment que les employés de ces derniers ont des bons goûts musicaux. D’accord d’accord c’est très bien… Pour les trois quarts, la maison de disques est un intermédiaire incontournable dans la carrière d’un artiste !
L’autrefois, j’avais écouté un podcast de l’Apéro du Captain, qui faisait état de la supercherie qu’est la SACEM. La SACEM est une pyramide infestée de crabes, il est très difficile en tant qu’artiste de savoir ce que va nous reverser la SACEM, puisque cette dernière ne détaille pas. Elle vous donne votre argent au pif, elle vous dit vous avez droit à temps : que vous soyez artistes de théâtre, de cinéma, que vous soyez chanteurs, la SACEM vous encule !
Tout ce qu’on a dit jusqu’à maintenant temps à montrer que les majors ont du souci à se faire dans le modèle économique du futur, parce que les gens vont de moins en moins être moutonnisé, de moins en moins se faire berner, c’est-à-dire que si l’on ne veut pas payer, on ne paye pas. Voilà c’est tout. Mais on paye que dans ce que l’on a envie de payer, on va rémunérer les gens qui le méritent vraiment et qui ont fait un travail honnête. Donc aller voir un film qui pue de la gueule, maintenant grâce à Internet, ça devient de plus en plus du difficile, vous n’avez pas d’excuse. Il y a Allociné et des tas de site, si tu veux voir une bouse, c’est vraiment que t’a envie d’aller la voir. Avant quand un film sortait au cinéma, on savait pas à quoi s’attendre. Maintenant il suffit de faire une petite recherche, Et on voit tout de suite comment les gens ont perçu le film. Alors évidemment des fois il y a des films qui sont bien notés et qui ne sont pas si bien que ça. J’ai un exemple en tête. J’ai regardé il y a pas longtemps le dernier film de Cronenberg, qui s’appelle Cosmopolis. Alors c’est un film qui n’est pas dénué de savoir-faire, c’est sûr que Cronenberg a du savoir-faire, on reconnaît un peu son esprit tordu mais honnêtement, claquer 8 euros pour voir ça, t’as des hémorroïdes toute la semaine. C’est pas possible. Il a été bien noté sur AlloCiné. Je suis pas allé au cinéma, j’ai pas mal au cul… Je l’ai regardé par d’autres moyens que je ne citerai pas. Mais honnêtement, il ne faut pas faire confiance tout le temps à ce qu’on dit, parce que malheureusement, j’ai encore lu tout à l’heure une statistique qui était assez horrible. 30 % des commentaires sur les sites commerciaux dans le futur seront des commentaires faux. Et peut-être plus, parce que les sondages et analyses c’est bien beau, mais combien de commentaires sont faux ? Et comment ça ce fait qu’une bouse comme Cosmopolis arrive à être bien notée ? Sur AlloCiné qui agrège pourtant des dizaines de magazines. Donc des dizaines de magazines ont décrété que Cosmopolis était un bon film. Comment est-ce possible ? Qui est derrière pour tirer les ficelles ? Je ne comprends pas. Parce que honnêtement, ce film méritait 3/5, pas plus. Quand on voit ce qu’il a eu comme note, ça encourage à aller au cinéma et là, c’est l’erreur fatale : on est content, on va voir le dernier Cronenberg… Et on voit une farce, une blague. Le film n’est pas dénuée de bonnes choses comme je disais tout à l’heure. C’est Cronenberg qui est derrière. Cela aurait été un débutant qui aurait fait ce film, là j’aurai crié au génie. Mais là, c’est Cronenberg… Le mec qui a fait « La mouche », le mec qui a fait « Crash », le mec qui a fait des putains de films de ouf. Je veux dire des films que tu n’oublieras jamais de ta vie quoi. Et lui il te pond un film franchement, qui pourrait passer le dimanche après-midi avant Joséphine Ange gardien. C’était mon petit coup de gueule : pas croire tout le monde…
Malheureusement si l’on ne s’intéresse pas en profondeur à un service, on peut acheter bêtement. Avant de souscrire à un service, il faut bien comprendre les tenants et les aboutissants. Comme les gens qui se plaignent que Facebook a rendu des « messages privés » publics. Mais dès le départ, les gens doivent comprendre : vous adhérez à Facebook, en plus c’est gratuit, vos données ne vous appartiennent plus. Elles appartiennent à l’entreprise Facebook jusqu’à la fin des temps. Voilà. Jusqu’à ce que Facebook meurt. Le jour où Facebook redonnera vos données à une secte Néo-nazie qui veut détruire tout le monde. Vous serez dans ses fichiers…
Ah j’ai encore une petite statistique sympathique, c’est le top album 1996-2011. C’est un site musical qui s’appelle Pitchfork qui vient de publier les 200 albums préférés de son lectorat. En position 9, il est à signaler qu’il y a Kanye West. Donc cela vous laisse une idée sur la capacité qu’à Kanye West de rassembler autour de lui une audience large et variée. C’est vrai qu’on conserve une image du rap malgré tout qui est peu reluisante. Mais quand on voit des artistes comme lui, je pense que ce sont ce genre d’artiste qui tirent le rap sur leurs épaules. Par exemple sur Allorap.com, il y avait un article qui faisait état de tous les raps commerciaux sortis dans les années 90, et il est vrai que l’on peut critiquer un petit peu la facilité qu’ont eu les groupes comme Ménélik, des groupes comme Réciprok… Mais ce sont eux qui ont véhiculé le rap en tant que tel aux yeux de la société. Parce que le rap ne peut pas vivre sur que sur lui-même, c’est-à-dire sur l’underground. L’underground n’est pas assez puissant pour véhiculer le rap, il faut en plus de ça des artistes… on va dire un petit peu mainstream, un petit peu plus généraliste, et qui eux portent le buzz avec eux. Et c’est grâce à eux, par ce que si un petit groupe veut passer dans une salle, il pourra dire que son style ressemble Rohff, vous voyez ce que je veux dire, on est obligé de s’identifier à des plus forts que soi. Et on est aussi obligé de faire des premières parties de concerts de groupe plus fort que soi. Donc il faut que ces plus « fort que soi » soit là, même si ce sont des bubbles-gum. On sait très bien que NTM, c’est plus ça. Il conserve tout de même un charisme derrière ce nom là, et faire parti du label « IV My People », pour beaucoup, ça été un tremplin. Voyez comme quoi il y a toujours un effet de levier, à participer de près ou de loin avec quelqu’un qui est mainstream. Et c’est ça qui est incroyable : NTM qui était au début un groupe plutôt underground est devenu mainstream. Pourquoi ? Parce que tout le monde écoutait du NTM, quel que soit sa classe sociale, sa filière estudiantine, quels que soient ses origines. NTM était devenu un groupe que tout le monde écoutait : quand je faisais mes études, tout le monde écoutait du NTM, mais vous ne leur auriez pas fait écouter du Assassin à ces gens-là ou du Ministère AMER. Donc on a besoin de ce mainstream.
Si bien qu’on va bientôt pouvoir clore ce podcast en vous disant merci de nous avoir écouté.
Karlton : Merci.
Mister Rodger : Je vais vous passer en accéléré la dernière mixtape de Freddy Gibbs qui est incroyable. Je ne m’attendais pas à une telle gifle. Dedans il y a même le chanteur de Bone Thugs-N-Harmony. Et franchement cette mixtape là à la le poids d’un album. En tout cas une chose est sûre pour ce premier podcast : l’amateurisme était de rigueur, mais je vais essayer de m’améliorer, d’interviewer des gens, et de vous proposer toujours plus de questionnement intéressants et d’informations intéressantes. Bonne soirée au revoir !
Karlton : Bonne soirée.