Classement des 50 Meilleurs Rap US 2011 (32 à 16) [MATER]

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32. Common & Nas – “Ghetto Dreams” ; 31. Space Ghost Purpp – ”Keep Bringin the Phonk” ; 30. Fiend – “Cross The Atlantic” ; 29. Action Bronson – ”Barry Horowitz” ; 28. Lil Wayne ft. Cory Gunz -“6 Foot, 7 Foot” ; 27. Jackie Chain & Gangsta Boo – “Don’t Violate” ; 26. Gonjasufi – “The Lowz” ; 25. The Game ft. Tyler, The Creator & Lil Wayne – “Martians Vs. Goblins” ; 24. Nas – « Nasty » ; 23. Mexicans with Guns -“Highway to Hell ft. Freddie Gibbs & Bun B” ; 22. Flash Bang Grenada – “In a Perfect World ft. Open Mike Eagle” ; 21. Chris Brown – “Look at Me Now (ft. Lil Wayne & Busta Rhymes)” ; 20. Waka Flocka Flame – “Round of Applause” ; 19. El-P – ”Drones Over Brooklyn” ; 18.  Yelawolf – ”Hard White (Up In The Club) ft. Lil Jon” ; 17. A.Dd+ – “Insomniac Dreaming” ; 16. Slick Rick – “Need Some Bad”…

 

 

32. Common & Nas – “Ghetto Dreams”

Common et Nas, deux vétérans irréprochables à leur apogée, mais partageant un petit penchant pour la rime soporifique, sortent une chanson intitulée  » Ghetto Dreams « . Cela semble prometteur sur le papier, mais ce n’est pas gagné d’avance. Donc, c’était une bonne surprise de voir que ce morceau explore les « rêves » d’une manière simple. Les deux hommes crachent trois couplets de haut vol sur les femmes, sur une prod épique de No ID, rajeunissant les deux compères, genre début de la dernière décennie. Common à l’air d’un ado en demandant «  une biatch qui a l’air bonne et qui cuisine bien  » et dont les seins ne seraient pas en plastique, en imaginant une fille entre celle d’LL Cool J sur around-the-way girl et Beyonce. Au début Nas conserve un certain sens de l’auto-critique, promettant de rester concentré sur les femmes en évitant de s’éparpiller. Puis il s’encanaille, raconte ses expériences avec des avocates et des députées, menaçant même de piquer ta meuf, pas pour fumer de l’herbe avec elle, mais pour lui acheter des sandales Vera Wang et la travailler sur le tapis du salon à la moindre occasion. C’est un titre qui allie la bestialité charnelle de la jeunesse, avec la culture et l’expérience de ceux qui rappent depuis plus de 20 ans.

 

31. Space Ghost Purpp – ”Keep Bringin the Phonk”

J’aimerais bien élire Space Ghost Purpp rookie de l’année, rien que pour le fait d’être un cousin de la famille Odd Future, en plus cosmique. L’album BLVCKLVD RVDIX est peut-être de qualité moyenne, mais le potentiel du gamin était trop flamboyant pour ne pas briller sur mixtapes. Sur  » Tha Phonk « , des synthés G-Funk dramatiques se mêlent avec un Roland TR-808 du pauvre, avec son flow « soufflé », comme si on avait enfermé Mic Geronimo dans la placard, constitue un track enivrant et sulfureux. N’est-ce pas ironique ? Après 10 ans de gémissements pour un retour aux années 90, les backpackers en obtiennent un finalement, composé de presque tous les gimmicks qu’ils ont haï dans le passé. Le génie de Space Ghost : il brise son rap en petits bouts désordonnés, et parvient réellement à faire renaître les bonnes vieilles sensations d’antan.

 

30. Fiend – “Cross The Atlantic”

Ce n’est pas si difficile de faire dans le larmoyant avec le thème de Bill Conti connu grâce au film  » Rocky « . On pourrait s’offusquer, quand un rappeur un peu bancal utilise ce genre de sample que ce diable de Puffy n’aurait pas renié. Cependant, il y a quelque chose de parfait dans cette thématique de l’artiste outsider oublié, ancien soldat de l’écurie No Limit. En utilisant «  Going The Distance « , il réussi à faire oublier cet odeur de fromage moisi. L’ancien combattant, le vétéran, nous entraîne dans un dernier tour avec l’industrie qui lui a roulé dessus.  » Cross the Atlantic « , c’est le galopin qui a chuté au classement, mais qui tente un dernier coup de trafalgar pour rafler le titre. Fiend exorcise dix ans de frustration accumulée et délivre le genre de sagesse qui ne peut se trouver que chez ceux qui ont une vie accomplie laissant des regrets. Apollo Creeds est mort sur le ring.

 

29. Action Bronson – ”Barry Horowitz”

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Action Bronson n’est pas un intellectuel, mais ce manque, le Chocolatier fait plus que le compenser grâce à de l’énergie pure, de la technique, et du caractère. Oui, il sonne comme Ghostface et oui, il parle beaucoup de bouffe. Ce sont ses gimmicks. Mais la raison pour laquelle Bronson ne s’est pas enfermé dans des lyrics ennuyeux, façon puriste New-yorkais, est sa taille démesurée. Non, ce n’est pas une blague. Comme un écrivain, Bronson utilise des grands traits, des couleurs primaires, de l’humour populaire, et une livre de beurre pour façonner sa présence. « Barry Horowitz » en est l’exemple le plus impressionnant, et le plus drôle. Des références à Dr. Seuss, à de l’agneau, à Shaq, à King Kong, « et des blunts bourrés de citron mélangé à de l’orange ». Le « primate poids lourd avec un esprit d’Harvard » déploie une imagerie joyeusement prétentieuse. Action Bronson est ce qu’il est, et c’est énorme… Non, ce n’est pas une blague.

 

28. Lil Wayne ft. Cory Gunz – “6 Foot, 7 Foot”

Bien sûr,  » 6 Foot, 7 Foot « , rabâche un lancinant petit sample lyrical de la même façon que sur  » A Milli « , mais tu ne peux pas réfuter que c’était exactement ce que Wayne devait faire pour prouver au monde que la prison n’avait pas émoussé son inspi. Le fait est, d’ailleurs, qu’après l’un des pires albums de rock depuis l’époque du Neo-Métal, indigne de la grande superstar du rap qu’il est,  » 6 Foot, 7 Foot  » est le retour triomphal que nous attendions tous. Le mérite revient au twisted   » Banana Boat  » de Harry Belafonte, en mode poulet scratché. Le chemin fut long pour prouver qu’il est un bon beatmaker, certes travaillant pour les majors mais encore capable d’être à la pointe de la science du sampling. Wayne se dépasse, ainsi qu’il dépasse l’ensemble de Carter IV. Je ne comprend toujours pas comment Corey Gunz a atterri là dedans.

 

27. Jackie Chain & Gangsta Boo – “Don’t Violate”

La combinaison entre un espoir du sud avec un vieux de la vieille, sur une mélodie country, a déjà réussi plusieurs fois cette année, mais celle-ci est l’une des meilleures. DJ Burn One, sans doute le chef d’orchestre du rap country, commence son beat comme une muscle car. Jackie Chain s’acquitte de sa tache avec une précision de rasoir, dans la lignée d’Iceberg Slim. Gangsta Boo est en mode « Les meufs aussi sont des boss ». Habituellement, la coutume est de laisser la sagesse du vieux diriger les débats, mais en fait Boo attaque le ceau-mor avec l’énergie contagieuse d’un rookie impatient de montrer ses aptitudes. Bien sûr, rien de tout çà n’est novateur, en particulier avec le background des protagonistes. Mais c’est pas obligatoire de l’être tant que ça envoie du steak. Et ça envoi grave.

26. Gonjasufi – “The Lowz”

LOWZ se meut comme un serpent Wu-Tanguien dans les hautes herbes, deux ans avant Forever et que le Wu se numérise. Gonjasufi joue Big Baby Jesus. Un prophètes dément obscurcissant la ligne entre chant et rap. C’est organique comme un film d’horreur italien et le beat blesse comme un coup de poing américain. C’est comme suivre un tueur dans un carnaval… Gonjasufi a le sens de la vengeance : éclaté comme jamais, le cuir usé, piquant, voulant choquer les vieux abrutis. The LOWZ, c’est quelque chose de le surmonter. Une vraie lutte psychologique. Il en est presque au point de butter  » les vampires  » qu’il voit partout. Ceci n’est pas fait pour les gosses voulant se faire peur, mais pour ceux qui luttent contre la radicalité brutale du quotidien.

25. The Game ft. Tyler, The Creator & Lil Wayne – “Martians Vs. Goblins”

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Goblin était un album assez convaincant. Il était également long, confus, et manquait parfois de technique vocale. Par contre ce qui m’a vraiment converti en fan inconditionnel de Tyler, ce sont les featurings. Lorsqu’on est invité sur le morceau de quelqu’un d’autre, on dépasse rarement son statut d’invité en général. On est aussi obligé de batailler. Et c’est ce que Tyler fait ici, haïssant Bruno Mars et les films mièvres de Tyler Perry, en chambrant The Game, et lâchant fièrement des big-ups pour Wolf Gang. Ce qui est funny, c’est que The Game s’adapte super bien au style de Tyler, en vieil oncle grincheux, étonnamment sympathique. Il est en colère, déglingué, menace Rihanna, parle de BD, et fustige au passage ​​la société qui possède les droits de licence de Captain America. Les deux rappeurs s’en prennent à Lebron, ce qui n’est pas un mal. Et puis, Lil Wayne se pointe pour assurer le refrain et regarder les autres rapper, ce qui est une chose qu’il adore faire cette année.

 

24. Nas – « Nasty »

Nas en mode Esco, sort d’une limousine pour marcher dans le ghetto, offrant son attirail bling-bling à une foule de môme tous contents. Ils suivent le rappeur jusqu’à un immeuble où se situe une cabine d’enregistrement dans le Queensbridge. Un sermon sans aucun refrain sur l’enfer du Hip-hop, un retour en force du concept de rap sauvage, bref, un doux répit de ce qu’on joué les radios en 2011.

 

23. Mexicans with Guns – “Highway to Hell (ft. Freddie Gibbs & Bun B)”

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C’est impressionnant un emcee qui maîtrise des éléments de style crus, vicieux, et explosifs. Ces deux là, Bun B et Freddie Gibbs, sont des grands maîtres, avec leur sens aigu des lyrics qui lacérent le grondement Aztlan, avec un beat électro signé Mexicans with Guns. Freddie et Bun sont en terrain connu – des histoires de guerre sur une basse tonitruante – certes leurs histoires sont monnaie courante, avec toute la douleur que ça implique et parfois un sentiment palpable de dégoût envers eux-mêmes. Mais Gibbs ouvre ses vers en déclarant que la prochaine fois qu’il ira à l’église, ce sera peut-être dans un cercueil. Pendant ce temps, Bun est aux prises avec la morale au moment de shooter un jeune rival de sang-froid et craint une vengeance imminente. Bun décrit-il le sort qui risque de s’abattre sur le jeune Freddie Gibbs et le conduire 6 pieds sous terre ? Nous ne le saurons jamais. Ce qui est sûre, c’est que  » Highway to Hell  » est une fable gansta magistrale.

 

22. Flash Bang Grenada – “In a Perfect World (ft. Open Mike Eagle)”

Le monde n’est pas comme la pub pour l’ami Ricoré. Il faut des cicatrices, des petites verrues, la folie du chômage, de belles filles sortant avec des trous du cul. La lumière a besoin d’obscurité. Le pied ne ressent rien à moins de fouler le sol. «  In a Perfect World  » par Flash Bang Grenada (Busdriver Nocando) et Open Mike Eagle ne prêchent pas en faveur de la paix, l’amour, pour que tous les enfants du monde s’unissent en chantant  » I Believe I Can Fly « . Leur utopie est une douce paranoïa tempérée. Que l’injustice disparaisse, mais pas totalement. Ann Coulter, The Tea Party, et Lockheed Martin ont le droit de vivre – ils doivent juste bipper Steve Harvey. Mama ne pleure pas quand 2Pac meurt. La peur est surmonrable. Ce n’est pas Trackmasters ré-imaginant Kurtis Blow, c’est MONO/POLY matant l’Armée des 12 Singes en espérant que la fin soit différente. Et dans les deux cas, Louie Armstrong est honnoré…

 

21. Chris Brown – “Look at Me Now (ft. Lil Wayne & Busta Rhymes)”

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Grâce à Busta Rhymes et Lil Wayne, le morceau Look At Me Now frappe de part l’originalité de son intrus minimaliste, laissant le champs libre aux MCs pour le bombarder de leurs flows aiguisés. Breezy entrecroise r’n’b et rap hardcore, et ça lui va bien. Le clip de Colin Tilley est bien foutue, comme le son, avec ce parfum old-school (en mettant de côté le masque de Brown à la Daft Punk…) du genre d’un Run It : des graffitis partout, des chorégraphies de Chris, une atmosphère de cave et… un maillot Jordan. Que demande le peuple ?

 

20. Waka Flocka Flame – “Round of Applause”

«  Round of Applause (tonnerre d’applaudissement)  » est un doigt d’honneur. Apparemment une décision commune de Waka et du producteur Lex Luger de se la jouer à contre-courant, pour reprendre le contrôle à ceux qui voudraient les enfermer dans une unique dimension. Et c’est vrai qu’ils ont mis au point un rap inéluctablement aggro, effréné et un brin provocateur – mais cette l’année là, personne ne l’a fait avec plus de détachement. Le premier single du deuxième album, « Triple F Life: Friends, Fans, and Family », ne menace pas de ternir son image gonflée à la testostérone, avec des canettes de bière pétées, néanmoins il essaie de nuancer son approche. Il fume encore beaucoup de weed, gobe beaucoup d’ecsta, et s’engage dans de réjouissantes activités (comme verser de l’alcool sur les fesses des strip-teaseuses). Mais cette fois-ci, la débauche est tenu en laisse par le beat discret de Luger en forme de riff étiré, avec des flûtes synthé ambiance peepshows. S’il n’y avait pas de l’impro enthousiaste et primitive qui ponctuent chaque couplet, « Round of Applause » pourrait même être taxé de subtil. Mais ce n’est ni plus ni moins que du Waka Flock.

 

19. El-P – ”Drones Over Brooklyn”

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Je vais être honnête. Je ne suis pas un grand fan des diatribes politiques d’El-P déguisées en science-fiction allégorique, sur fond de viol en prison. Donne-moi en par contre sous forme de boucles de piano sauvagement twistées, des voix à la Sir Nose gonflées à l’hélium, des flows switchs, des beat à la Bomb Squad, soufflés au FUNK tous les jours si tu veux.  » Drones Over Brooklyn  » c’est tout ça à la fois.

 

18.  Yelawolf – ”Hard White (Up In The Club) (ft. Lil Jon)”

Sur le papier,  » Hard White  » est un morceau calibré pour un rappeur qui a besoin de frapper commercialement. Associé avec un artiste spécialiste du buzz et pondeur de hit, en s’assurant de balancer son nom à plusieurs reprises afin que les gens le mémorise bien, il refourgue ensuite sa came aux radios. Yela se prend donc un trip dans un club, soutenu par une intrus Hydrox avec Lil Jon en imprésario hype et crunk. Jon n’est pas à fond, mais son énergie est contagieuse, passant le flambeau crunk au prochain espoir, le grand requin blanc. Pour les personnes qui attendaient le prochain sauveur du rap, Yela se concentre uniquement sur le flow. Sa technique pure élève bien le niveau, en rappelant énergiquement pourquoi les gens avaient été enthousiasmé par Catfish Billy de prime abord. Il tisse sa toile entre des drums qui blastent comme des coups de fusil et des syllabes qui résonnent comme une mitrailleuse Gatling. Il représente l’Alabama avec une ‘teille de Jack et quelques biatchs.  » Hard White  » est vraiment fun, quelque chose d’oublié par les plus récents hits club. Pour citer un commentaire YouTube, j’aime aussi quand Lil ‘Jon crie «  Happy birthday ! « .

 

17. A.Dd+ – “Insomniac Dreaming”

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Leur album « When Pigs Fly » était l’un des meilleurs skeud de 2011. Mais c’est ce morceau qui confirma le duo de Dallas en tant que force dans le milieu hip-hop. La prod de Picnictyme fait parti des moments forts de l’album, et on se demandait comment Paris P et Slim Gravy s’en tireraient loin de ce funk bien soul. Par conséquent, ce fut une bonne idée de les rapprocher de Black Milk, afin de gagner l’adhésion de l’underground. Adossé sur un rythme dépouillé, les fanfarons d’A.Dd + peuvent respirer et s’élever rapidement dans l’amplitude sonore du producteur de Detroit. Il permet à deux caractères déjà bien larges de décoller. On les sent peut-être un peu plus à l’aise avec cet environnement sonore. Cette confiance se ressent directement dans leurs rimes, Slim lâche : « I live my wishes, I’m tryin’ through expeditions/ I would have never thought that I’d made it/ But now like fuck it, I hate it, but love attention ». Montes à bord d’A.Dd+ Airline.

 

16. Slick Rick – “Need Some Bad”

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Après une trentaine d’années dans l’industrie du disque, il semblerait que  » Need Some Bad  » soit issu de la fièvre des défenseurs de l’ancienne école associéz à la fantaisie A&R. Aussi improbable que cela puisse paraître, Slick Rick et DJ Premier ne se sont jamais croisé jusqu’à cette BO d’un film de Jonah Hill que tout le monde oubliera vite, mais qui leur permettra enfin d’avoir leur grande aventure. Parce que Primo sait comment tirer le meilleur d’un artiste, il établit une lumière, un univers génial et parfait pour la griffe de Slick Rick, constituée de plaisanteries hot, en fait de sombres comédies. Pendant ce temps, le flow de l’Horloger demeure aussi pur qu’à l’époque où il posait sur les beatboxs de Doug E. Fresh. Slick Rick a toujours été prêt à faire le guedin. Il s’amuse de la masturbation dans les peepshows, la frustration sexuelle, et la douleur d’être un vieux pervers essayant d’embarquer des meufs qui ont la moitié de son âge et malheureusement la moitié de son QI. Oncle Ricky aurait pu devenir le vieux con du hip-hop, mais  » Need Some Bad  » prouve que son swagg ne meurt pas. Il a juste besoin de viagra.

 

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