RIP Lionel D – 1 claque du rap français par an de 1984 à 1999 [ÉCOUTER]

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La triste nouvelle de la mort de Lionel D

me donne envie de faire une petite rétrospective des meilleurs années du mouvement hip-hop en france. Biensûr, il est impossible de parler de tout le monde, donc soyez indulgent sur l’absence de New Generation MC, Nec + Ultra, D Abuzz System, Mafia K’1 Fry etc.

Installez vous tranquillement, prenez un soda alcoolisé ou non.

Nous somme en 1984.

Alors que ce courant musical novateur cartonne depuis seulement 3 ans aux USA, Un DJ français revient de là bas avec…

 

…des étoiles pleins les oreilles. Sortant le tout premier disque de rap dans l’Héxagone, animant la toute première émission de radio du genre, Dee Nasty est « LE » précurseur de tout un mouvement. Je serais vraiment heureux qu’au bac il propose le sujet suivant :  » Que serait-il arrivé si Dee Nasty n’avait pas importé le rap en France ? « .

 

Malheureusement, l’année 1985 reste mystérieuse comme un épisode de X-File. 

Pas de disque, pas de bootleg, rien à déclarer…

Si vous voulez me démentir et me faire connaître un hit de cette année, n’hésitez pas à poster un commentaire ! 

X-files

    

 

Pour 1986

j’ai réussi à vous sortir de Youtub un sympathique document (je sais je sais je suis trop pas fort…)

 

87 !! Un duo de rappeur !

Waouh ! Destroy Man, que l’on peut qualifier du Harcore MC de l’époque, accompagné du séducteur bling bling, Johny Go (ancien basketteur), marchant dans les traces de MC Hammer !

 

Pour l’année, suivante, un pur moment de bonheur radiophonique,

un freestyle de 15 minutes

(j’ai raccordé les différents morceaux pour atteindre cette longueur), avec le possee Assassin / NTM, j’aurais aimé être présent en 88 pour assister à ce moment expérimental de rigolade sans prétention :

Freestyle Radio Nova 1988 Assassin NTM Lionel D Dee Nasty

 

1989 marque l’entrée dans le french rap game du rappeur

qui s’approche le plus des états-unis

de par son attitude et son flow, le légendaire EJM, avec  » Nous vivons tous  » :

 

1990. C’est là que tout bascule.

NTM va sortir le rap de la passion communautaire et underground à un mouvement d’ampleur sociale véhiculé par un énorme bouche à oreille. Je l’ai d’ailleurs vécu étant collégien, le fait qu’un groupe de musique ose s’appeler Nique Ta …, c’était déjà un sacré drôle de buzz, et le fait que le groupe essaie enfin de secouer le cocotier de la vieille france qui abandonnait sa jeunesse sous le poids du chômage et de la précarité, c’était presque comme si un messi venait pour tout révolutionner et nous sortir de la merde. C’est bien sur la raison de mon implication dans le rap depuis tout ce temps, cette claque sociale, car même si je n’étais qu’un petit écolier loin des problèmes de recouvrement de loyer, je sentais dans mon fort intérieur que la France était en train de basculer, de remettre en question le matraquage cérébral que nous imposait les médias avec leurs cochonneries de série américaine ventant la loi du plus friqué, et tous les scandales qui commençaient à faire surface sur fonds de violences policières et de racisme à peine déguisé…

 

Pour la peine, comme si cela ne suffisait pas, un artiste (Rockin’ Squat) hors norme prenait en quelque sorte

le masque de zorro avec en guise d’épée un micro

Assassin ne sera jamais  » Esclave de votre société  » :

 

Il faut dire que ces gens là avaient ouvert un brèche,

mais le mouvement, n’aurait, selon moi, pas toute sa valeur

sans le Ministère A.M.E.R. Sans enlever le talent de NTM, qui était assez agressif dans la forme, Assassin, très pessimiste sur la possibilité de trouvez quelque chose à sauver de notre système scolaire et de la culture du mass media, et IAM qui était typique du sud, donc cloisonné dans un excessif besoin de représenter leur région, La Secte Abdulai prenait le rôle de trublion, picorant un peu chez tous les autres mais avec une énorme originalité : le fait de parler presque comme dans la rue, sans essayer d’employer des mots trop compliqués (ce qu’à d’ailleurs fait plus tard Expression Direkt). Bon évidemment le groupe avait un propos centré sur la dénionciation des souffrances infligées au peuple africain ce qui bien heureusement l’écartait des sirènes commercialles et donc les choses étaient claires et agréables. C’est sur que par la suite le groupe n’a pas réussi à se renouveler comme l’on fait les 3 autres illustres groupes. Mais je croit que ce qui fait la force de cette épopée, c’est son aspect éphèmére, source de nostalgie aigüe, surtout quand on écoute mon  » papa est un gangster  » en boîte de nuit suivi de  » la une la deux, je zappe et je mat’ « , bref, écouter plutôt ça :

 

En parlant de…

groupe qui se renouvelle

NTM passe d’une production quasi expérimentale, brut et efficace, à un niveau de son beaucoup plus élevé en 1993, sentant bon le Public Enemy :

 

C’est vrai que MC Solaar ne fait pas parti de ma playlist, mais en lieu et place

pour tenir le rôle du poête

voici Fabe, alors en pleine éclosion de son cocon (donc pas encore au top mais bon, c’est trop bon à écouter) :


Fabe – Befa Surprend Ses Frères

 

Comme évoqué tout à l’heure, Expression Direkt

respire le bloc et la rue

à un point tel que je ne me souviens pas d’avoir entendu de lyricks plus authentik que  » Mon esprit par en C…  » en 95, allez écoute ça ma couille :

 

 

Dans le groupe Different Teep, j’étais tombé accroc du flow ragga de Lil Jahson,

ultra frais et attachant

donc voilà ma claque de 1996 :

 

Pour 9.7, je me suis pas cassé la tête :

 » Bouger la tête  » avec IAM

(au fait kiffant le sample des Sages Poêtes de la Rue, autre grand absent de cette rétro) :

 

 

Ce que j’aime, vous devez vous en rendre compte en me suivant sur ce blog, c’est rendre hommage à des groupes qui…

ne sont pas forcément les premiers

qui viennent à la bouche quand vous discuter avec une connaissance à l’arrêt de bus, donc laissez moi vous dire qu’en 98, j’avais adoré  » Mangeur de pierres  » de Freko Ding (qui bosse encore à l’heure d’aujourd’hui), tristement comique…

 

Et pour clore cette rétro, je vais vous laisser…

repartir avec du baume au coeur

celui qu’on ressent à tous les coups en présence d’un rappeur à la technique irréprochable, mais surtout aux propos qui vous glacent le sang de vérité et de simplicité… Nous sommes  » Loin des rêves « , mais Koma nous en rapproche :

 

4 réflexions au sujet de “RIP Lionel D – 1 claque du rap français par an de 1984 à 1999 [ÉCOUTER]”

  1. Merci pour cette rétro qui ne me rajeunit pas. J’ai pris une bonne claque !
    Je partage ton sentiment lorsqu’en 1988,J’avais 17 ans, on commençait à écouter les freestyles sur Nova qu’on enregistrait religieusement sur cassette…et qu’on repassait en boucle. Cette impression de bricolage nous donnait l’impression de participer à un mouvement avec un grand M. Des revendications portées par une génération d’artistes que l’on reprenait tous en coeur. Dommage que certains n’ont pas su se renouveler.
    Par contre, je trouve qu’IAM avec sa symbolique pharaonique et son allégeance aux racines de l’Afrique, était bien en phase avec son public. Je ne trouve pas qu’ils mettaient en avant la planète de Mars…
    Merci encore grâce à toi, j’ai pris 20 ans…

  2. de rien ! j’avais 10 ans en 88 et le hip-hop était comme un grand frère ! d’ailleurs si mes souvenirs sont bons IAM doit être le premier groupe que j’ai entendu mais pour un jeune comme moi les paroles paraissaient plus difficiles à comprendre que NTM que j’ai découvert par la suite… en tout cas avec le temps j’ai bien fini par comprendre que ce groupe marseillais était le meilleur que la france n’est jamais eu, vu la profondeur des textes !

  3. Je viens de passer une bonne heure sur ta page.
    J’ai kiffé merci pour les souvenirs,déjà 24 piges de rap dans les oreilles !!

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