Le film sur Tupac « All Eyez On Me » est-il aussi pourri que ça ?

Quand j’ai appuyé sur le bouton lecture de VLC, je n’attendais pas grand-chose de ce All Eyez On Me. Tout simplement, car ce film datant de 1997 n’avait pas fait grand bruit, ni à sa sortie, ni par la suite, comme l’ont fait d’illustres film sur la vie d’artistes rap : « 8 Mile », « Straight Outta Compton » ou encore « Notorious ». Cependant, je ne supprimerai pas le fichier vidéo de mon disque après l’avoir maté malgré d’évidentes faiblesses de réalisation…

Quand j’étais adolescent (dans les années 90), j’étais fan de Tupac. Et oui, le « gansta » rappeur était incontournable dans les bacs des supermarchés français de l’époque, et il avait peu de concurrent dans cette catégorie du méga rappeur, qui devient mainstream au sein du public jeune, malgré son personnage controversé dans la presse et dans les milieux politiques américains conservateurs.

À cette époque, il m’était difficile de me faire un avis purement technique sur la qualité du MC, j’étais simplement hypé par son charisme, et il faut l’admettre par ses clips très bien réalisés. Sa mort prématurée scella mon intérêt pour lui. Mais ce n’est que plus tard et notamment grâce à ce film que je compris certaines subtilités du personnage, à l’image de son mantra « T.H.U.G L.I.F.E » que j’avais toujours pris au pied de la lettre, alors que c’était l’acronyme de : « The Hate U Give Little Infants F*s Everybody« . Cette expression résume l’idée que la violence, la haine et l’injustice que subissent les enfants finiront par affecter toute la société, lorsque ceux-ci grandiront.

Le film, raconté de manière linéaire et n’offrant qu’un traitement superficiel des événements, arrive toutefois à bien montrer cette facette plus profonde de l’artiste, que les drives-bye, histoires de tribunaux et scandales scabreux pourraient faire éclipser.

Cet aspect documentaire est très immersif, et je me suis souvent dit dans le visionnage qu’il aurait fallu que ce soit Tupac lui-même qui incarne son propre rôle, pour que le réalisme soit à son comble. Mais rassurez-vous, l’acteur retenu, Demetrius Shipp Jr., lui ressemble physiquement et mieux encore, dégageant une énergie très comparable à celle de Tupac. Une performance vraiment incroyable, qui à elle seule vaut presque le visionnage selon moi.

Vous ne trouvez pas qu’il a un petit air de Guizmo, le « Tupac » français ?

Certains regretteront que le film mette plus l’accent sur sa vie personnelle que sur sa musique et son ascension musicale, se risquant même à prendre parti en ce qui concerne l’accusation de viol, plutôt que de rester neutre.

Moi, justement, cela m’a bien plu que le film retrace les différentes controverses sans prendre de gants, car je me suis aperçu en matant ce film, que j’avais oublié pas mal de petits détails sur sa vie, j’ai même eu la sensation d’apprendre des choses.

Par exemple, sa relation avec Suge Knight est un élément marquant du film, et qui semble assez fidèle avec la réalité, en proposant une vision interne bien glaçante de Death Row Records.

C’était à la mode en Californie ce genre de pull ?

Par contre, certains personnages, pourtant importants, m’ont paru moins bons comme Biggie Smalls et Snoop Dogg, mais je pardonne ça, au vu de la BO très soignée, en particulier les chansons de Tupac, qui m’ont fait replonger avec nostalgie dans l’âge d’or du rap.

Conclusion

Alors oui, on pourra certainement relever des inexactitudes, voire des inventions dans le récit, ou être assez peu concerné par la manière dont sont dépeintes les relations de Tupac avec Jada Pinkett et autres conquêtes féminines. Ou encore, remarquer que la seconde moitié du film délaisse un peu la représentation des ambitions révolutionnaires de l’artiste. Mais nous n’avons malheureusement pas d’autre biopic du rappeur à nous mettre sous la dent, et on devra donc bien s’en contenter.

De mon point de vue, même si le budget, probablement, n’était pas trop important, le film possède cependant largement une présence d’âme, pour ne pas dénaturer la légende de cet artiste immortel qui révolutionna le Hip-hop, comme nul autre rappeur à mon sens. Ce film a un charmant petit côté authentique en fin de compte, un petit plaisir coupable au regard de ses faiblesses, surtout si comme moi, vous vous attendiez à bien pire…

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