Avec le groupe Dialektik, Chronic sort l’album Bruit blanc & Chambre noire

L’artiste bordelais Chronic fait désormais partie du groupe DIALEKTIK. Découvrons leur univers avec l’album Bruit blanc & Chambre noire.

Interview

D’où vient votre passion pour le rap ?
Étant auditeur de rap depuis mes 9 ans et ayant une sensibilité pour l’écriture, c’est naturellement que je me suis mis à écrire des textes de rap aux alentours de 12-13 ans.

Que peut-on savoir des deux opus que forment Nouvel ordre et quels sont leur univers ?
L’idée de ces deux morceaux, qui possèdent le même sous-titre «Nouvel Ordre», c’est de faire un tour d’horizon de la situation sociale, économique et sociétale actuelle. D’un côté « Du goudron et des plumes » où j’aborde et critique les dynamiques sociétales et sociologiques actuelles (comme le wokisme) et de l’autre « Le Choix De La Défaite » où la critique se porte essentiellement sur la coercition gouvernementale lors des évènements dits des gilets jaunes et de l’obligation vaccinale déguisée. Ces deux morceaux, comme les événements qui y sont décrits (et décriés) sont les deux faces d’une même pièce.

Quelle importance accordez-vous aux textes et doivent-ils être porteurs de sens ?
Lorsqu’il s’agit des miens oui. Mais, en tant qu’auditeur, je peux me laisser porter par des paroles plus simples si mélodiquement et rythmiquement cela fonctionne.

Comment avez-vous vécu personnellement les évènements de ces dernières années (Gilets jaunes, Covid-19…) et comment se traduisent-ils en musique ?
J’ai participé à de nombreuses manifestations au début du mouvement des gilets jaunes, abordant fréquemment les thèmes du soulèvement populaire, il était important pour moi d’y participer, même si malheureusement le résultat n’y est pas, cela va nous marquer quelques années. En ce qui concerne la COVID, j’ai subi un peu comme tout le monde (sauf certains disposant de passe-droit) les nombreuses restrictions, cependant cela m’a permis de me concentrer beaucoup plus sur ma musique.

Que peut-on savoir du groupe Dialektik dont vous faites désormais partie ?
DIALEKTIK est né d’une collaboration avec MadThink (le second rappeur du label). Au lieu de simplement accoler nos deux noms, nous avons décidé de monter ça comme un groupe afin d’y apporter une touche différente par rapport à nos productions respectives.

Pouvez-vous nous présenter l’album Bruit blanc & Chambre noire ?
Il s’agit du premier opus de Dialektik (Chronic & MadThink) qui comprend 16 titres dont 3 featurings. Nous y abordons tout ce qui touche à l’actualité politique, sociologique, technologique, économique et sociétal, mais également des sujets plus personnels et introspectifs.
Je vois cet album comme un premier aboutissement, que ça soit sur le fond comme sur la forme. Nous avons réuni plusieurs talents sur ce projet et pas uniquement les rappeurs, mais aussi eLR (Beatmaker), Blacksmith Audio (ingénieur mixage et mastering), DOM2ER (scratcher) et La Fausse Patte (illustrateur).

Comment le monde qui nous entoure vous inspire et dans quelles conditions composez-vous ?
Tout est une source d’inspiration, une situation, une interaction, une phrase, un film, un livre. Je peux écrire n’importe où et à n’importe quelle heure.

Outre des thèmes politiques, on retrouve des morceaux plus personnels et intimes dans Bruit blanc & Chambre noire. Pourquoi de tels choix et quelles ont été vos orientations sur les sujets abordés ?
Les morceaux plus personnels ont plusieurs vocations, ils me permettent de dire des choses que je ne dirai pas forcément de but en blanc dans une conversation, ils permettent de se livrer à l’auditeur, mais aussi aux personnes concernées. Ils permettent également d’avoir des ambiances variées au sein d’un album (surtout de 16 titres) et offrent une autre facette de notre personnalité à l’auditeur.

Quels ont été vos choix sur le plan instrumental ?
Depuis 3 ans, je travaille quasi exclusivement avec eLR un beatmaker slovaque, il m’envoie régulièrement des dossiers d’instrumentales et je n’ai plus qu’à piocher dedans. Je travaille également avec Bevitch (co-fondateur du label) et il m’arrive régulièrement de produire certains titres.

On vous retrouve en featuring avec Kiba, Kroc Blanc et Déserteur sur certains titres. Comment les avez-vous rencontrés et comment se sont passés vos échanges ?
Déserteur est présent sur mes albums depuis « Le Neuvième Cercle« , donc depuis quelques années. Pour Kiba et Kroc Blanc, ça, c’est fait par internet, assez naturellement puisque nous partageons un certain nombre d’analyses, de points de vue et cette passion pour la musique. Nous avons fini par nous rencontrer pour enregistrer un projet qui est à venir.

Parlez-nous du titre La cible
L’idée de ce titre, c’était de faire du « rentre-dedans », agressif et efficace envers ceux qui considèrent que nous serions des cibles à abattre pour des questions d’orientation politiques et parfois raciales.

Quelle était l’ambiance lors des enregistrements en studio ?
Nous enregistrons en Home-Studio en cercle très restreint donc généralement les choses se font dans une ambiance calme et plutôt studieuse.

Que souhaitez-vous apporter au public avec cet album ?
Ce que nous souhaitons proposer, c’est une alternative au rap actuel, notamment par le message véhiculé. Pour que ceux qui se tournent vers du rap racailleux, et/ou prônant des valeurs hors-sols, un peu par défaut, puissent avoir du rap avec lequel ils seront plus en phase. Avant tout, je fais ce que j’aimerais entendre.

Quels ont été vos choix sur l’artwork de Bruit blanc & Chambre noire ?
Nous nous sommes adressés à La Fausse Patte, nous lui avons donné quelques directives générales et carte blanche pour l’illustration. C’est allé assez vite.

Avez-vous une anecdote à nous raconter ?
Plusieurs mais aucune d’assez drôle pour être racontée.

Que représente la scène pour vous et quelle est l’ambiance avec le public ?
J’aime beaucoup la scène, malheureusement depuis la COVID, c’est devenu plus difficile, nous n’avons pas de tourneur donc nous trouvons nos scènes par nos propres moyens, ce qui est devenu compliqué.

Que souhaitez-vous dire pour conclure ?
Déjà merci pour votre temps et soutenons la culture que nous souhaitons avoir, cela ne sert à rien de se morfondre qu’un tel ou untel ne soit pas plus connu, soutenons les artistes que nous aimons et donnons-leur la possibilité d’aller encore plus loin.

Merci à Chronic d’avoir répondu à mon interview !

DIALEKTIK (Chronic & MadThink) « La Cible »

A propos de Chronic

Chronic est un rappeur / Beatmaker de la région Bordelaise évoluant au sein d’une structure associative baptisée “L’anomalie musique”. Prolifique depuis 2016, il compte à son actif deux mixtapes et trois albums. L’association distribue également deux autres artistes : Mad Think et Déserteur.
En 2016, Chronic sort sa première mixtape solo « Un jour de plus » disponible gratuitement sur le Bandcamp du label.

En 2017, Il réalise “Le neuvième cercle” en collaboration avec Bevitch qui produit 15 titres sur 16. Cet opus s’inspire ouvertement de la traversée de l’enfer par Dante. Il est aussi composé de titres à visée plus politique comme « Article 35 » traitant d’une révolution populaire et dont le clip sortira un an avant le mouvement des Gilets Jaunes.

En 2019, Chronic revient avec un nouvel album solo intitulé « Coup d’État”. Titre qui est aussi le fil rouge de l’album. Le morceau « La nuit a dévoré le monde » résume l’ambiance générale de cet opus.

En 2020 sort “Le Jour D’après” entièrement produit par eLR. Écrit durant le premier confinement, cet opus de Chronic dépeint la société en plein changement de paradigme politique, économique et social, mais offre aux auditeurs un morceau, ayant le même titre que l’album, plus optimiste, proposant une vision antagoniste du “monde d’après” à celle que nous proposent les dirigeants occidentaux et les élites qui y sont rattachées.

En 2022, Chronic s’associe à MadThink pour former le groupe Dialektik accompagné des productions de eLR, Bevitch et Chronic. « Bruit Blanc & Chambre Noire » est leur premier opus contenant 16 titres avec une thématique dédiée à chacun d’eux. Essentiellement politique (Demos Kratos, Débranchés…), les morceaux se tournent aussi vers des univers plus personnels et intimes (Minuit dans l’univers, Échouer vainqueur…).

À travers ces œuvres, Chronic propose un rap français aux antipodes de la tendance actuelle tant par le fond que par la forme.

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