Rap + politique = assassinats [ÉCOUTER]

Allorap_politique

Nous connaissons tous l’issu tragique qu’a connu la rivalité entre rappeurs des côtes ouest et est des États-Unis, privant le hip-hop de deux de ses pères : 2Pac et Biggie. Encore plus récemment, c’est le rappeur Chinx qui fut assassiné dans les rues de New York pour une raison encore indéterminée… Serait-il plus convenable de mourir pour des raisons idéologiques ?

Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas de la polémique gratuite : je souhaite juste aujourd’hui aller au-delà des jalousies et des histoires d’argent pour mettre plus particulièrement en avant des artistes qui ont payé de leur sang leurs idées politiques, comme par exemple il y a bientôt deux ans ce jeune rappeur grec antifasciste ; mais sans oublier aussi de faire un parallèle avec des victimes « monsieur tout le monde », mortes ou menacées pour des  » raisons intellectuelles « …

La Grèce, ce cher pays qui a pour la première fois soulevé le concept de démocratie, connait aujourd’hui de biens sombres moments. Killah P, un rappeur ouvertement antifacho poignardé en septembre 2013 près d’Athènes par un militant d’un parti néonazi, pourrait en être le symbole. D’ailleurs ce drame a réveillé l’opinion et les politiciens après des années de silence sur des agressions ciblant, entre autres, des immigrés. Espérons que la justice, lors du procès qui se déroule en ce moment et qui doit durer un an contre Aube Dorée, parti d’extrême droite considéré comme une organisation criminelle, puisse faire un peu de ménage au sein de toute cette racaille en col blanc. Car depuis son incursion au Parlement en 2012, Aube Dorée est passé du statut de groupuscule à celui de troisième force politique du pays !

 

Brahim_Bouarram

Il est difficile de ne pas faire le lien avec Brahim Bouarram, un jeune marocain assassiné et jeté dans la seine en 1995 par des fascistes du Front National, parce qu’il était arabe. Mourir pour ses idées ou pour son identité, au fond, il s’agit bien de politique n’est-ce pas ? C’est donc de là que devrait venir les solutions. Pas du milieu artistique. Mais ne rêvons pas…

Les mouvements néonazis sont mauvais par essence ça nous le savons et rappellent le danger que peut représenter le totalitarisme, qui n’est jamais loin. Ainsi, un rappeur Iranien, Shahin Najafi, est menacé de mort comme au moyen-âge français : il y a trois ans, une Fatwa de mort avait été prononcée par des Mollahs parmi les plus ultra-conservateurs du régime totalitaire et fasciste de Khamenei et d’Hassan Rouhani contre lui, l’obligeant à s’exiler en Allemagne, pour une chanson qu’il avait écrite où il critiquait avec virulence ce même régime.

Le morceau avait suscité à l’époque des débats très chauds sur les internets Iraniens, il se sont amplifiés en 2014, à la suite d’un de ses concert qu’il a donné à Toronto, où lui et son groupe se sont produit entièrement nus sur scène, pour protester contre les mauvais traitements et les violences des surveillants contre les prisonniers politique de la Section 350 la prison d’Evin à Téhéran, survenus quelques mois auparavant. Joli pied de nez mais cela n’empêchera pas ces fanatiques d’opprimer leurs congénères…

En tout les cas, ce n’est pas l’apanage que du mouvement hip-hop bien sûr d’être antifasciste et d’en subir les conséquences : le 13 novembre 2005, Timur Kacharava, un jeune musicos de 20 ans du groupe rock Sandinista, a été attaqué au couteau devant une librairie russe, par une dizaine de néonazis qui connaissaient son blaze, donc forcément il y a eu préméditation. Il a succombé à ses nombreuses plaies, avant qu’arrive les secours, à supposer que ceux-ci ne soient pas de mèche, comme on le soupçonne pour les policiers qui ont eu un comportement étrange au moment des faits.

Bref, s’opposer, c’est risquer de mourir… ou d’être emprisonné à vie. La musique devient alors un moyen d’expression risqué pour améliorer les choses avec un message de paix : qui voudrait que Hitler ressuscite ? Eh bien beaucoup de monde… Et surtout depuis la crise économique mondiale de 2008 !

Pour conclure cet article peu encourageant quand au devenir de l’espèce humaine, je souhaiterais rappeler qu’en France plusieurs personnes sont mortes lors de leur interpellation par des policiers français. Les plus marquants ces dernières années ont été Lamine Dieng, Abdelhakim Ajimi, ou bien ces deux adolescents Zied et Bouna. Les paroliers du rap français n’auront de cesse de rappeler que l’État assassine… jusqu’à ce que ce dernier interdise de le faire.

Cette chanson nous rappelle que dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris, en pleine répression du mouvement étudiants/lycéens, Malik Oussekine, 22 ans, était matraqué à mort dans le hall d’un immeuble parisien où il s’était refugié, par deux policiers.

 

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